Bonjour-bonjour
Hier, un diner à l’Élysée réunissant une quinzaine de personnalités dont six représentants des cultes, a permis au Président Macron de sonder les avis de ses convives sur un débat qui s’ouvre au Parlement sur « l’aide active à mourir » (Autrement dit on a parlé d’euthanasie mais sans prononcer le mot.) – Lu ici.
Éludant l’expression de son intime conviction (1) il a posé la question de savoir si ce droit serait un « droit créance », autrement dit si la demande d’aide active à mourir constituerait « une prétention légitime à obtenir [de la collectivité] les interventions requises pour que soit possible l'exercice de la liberté » (sur le droit créance lire ici)
Le sujet mérite de retenir l’attention, car si ce droit était proclamé, il y aurait dans les hôpitaux, à côté des services de soins palliatifs, un service « aide active à mourir ». La mission des médecins serait alors non plus de secourir la vie mais d’aider la mort à faire son œuvre.
Tel quel ce n’est pas absolument scandaleux ; déjà Platon soulignait que, si quelqu’un est compétent pour donner la mort, c’est bien le médecin. S’il faut mourir, alors autant que ça soit proprement – scientifiquement. Reste que cette idée d’un droit à mourir considéré comme une « prestation » exigible de l’État (comme le droit au travail ou à l’instruction) trouble un peu. Que la mort, ce moment strictement lié à la personne privée, j’oserais presque dire si intime, devienne un service publique est une hypothèse pour le moins étrange. Car on pourrait peut-être choisir sa façon de mourir ? Demander à perdre conscience avant, si on estime qu’une belle mort est sans souffrances et sans conscience ? Ou au contraire si on veut rendre l’âme en louant le Seigneur, souhaiter d’être maintenu conscient jusque dans les derniers affres de l’agonie ? Et, si quelqu’un, transformant le rêve en cauchemar, se mêlait de choisir à notre place ?
Oui, tant qu’à faire de mourir à volonté, exprimons notre avant-dernière volonté.
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(1) « Emmanuel Macron, au centre de la grande table ovale, a préféré évoquer le concept freudien de « bataille entre Éros et Thanatos » plutôt que de donner des indices sur son intime conviction. » (Art. cité)
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