vendredi 3 mars 2023

Un jouet sexuel vieux de 2000 ans ? – Chronique du 4 mars


Le "phallus" de `Vindolanda

 

Bonjour-bonjour

 

Découvert dans les ruines d’un fort romain datant du début de notre ère et situé en Angleterre cet objet en bois de 17 cm de long, supposé être un pilon, pourrait bien être aussi un godemiché. Ce qui laisse perplexe les spécialistes, car si les romains (femmes ou hommes) ont bien fabriqué et utilisé des objets semblables à des fins sexuelles, ils étaient en cuir rembourré de laine et non en bois. (Lire ici)

Et oui ! Si vous aviez le choix entre un sex-toy en bois et un autre en plastique souple, vous n’hésiteriez pas, évidemment. Sauf que le motif sculpté ici montre bien sans aucune équivoque un gland. Il s’agit donc bien quand même d’un phallus, même si on a à faire à une évocation du Dieu Priape. Car les archéologues le savent : on prenait à l’époque pour cette invocation n’importe quel objet vaguement ressemblant, quitte à ajouter des détails sommaires évoquant l’organe priapique – comme le pilon pour la cuisine.

Priape ? N’était-ce donc pas justement l’occasion de mettre du sexe dans les fourneaux ? Eh bien non : "La représentation du sexe en érection de Priape est tout sauf érotique" dit un spécialiste de la romanité. "Dans l’Antiquité romaine, le pénis est supposé éloigner le mauvais œil. Il faut donc voir ici, comme le mentionne la publication originale, une objet de la vie quotidienne, à portée prophylactique et symbolique"

Pourquoi pas ? Mais quand même : pourquoi l’érotisme serait-il exclu des préoccupations utilitaires ? Pourquoi les romaines n’auraient-elles pas fantasmé en préparant les concombres pour la salade ? Dans cette mise en scène de la jouissance érotique que constitue le fantasme, la réalité n’est là que pour servir de support au rêve de jouissance. Plus généralement aujourd’hui comme il y a 2000 ans, le fantasme est ce qui détourne les objets de la réalité pour en faire les objets du désir. 

- On pourrait d’ailleurs se demander dans quelle mesure la réalité (enfin : ce que nous prenons pour telle) ne suppose pas toujours ce double qui se superpose à elle et la rend désirable ?

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