mercredi 8 mars 2023

Un vote pour rien – Chronique du 9 mars

Bonjour-bonjour

 

« Tout pour le peuple ; rien par le peuple » : on connait cette formule venue du 18ème siècle et de son despotisme éclairé – elle n’a besoin d’aucun commentaire. Tout juste pourrait-on l’illustrer par… les débats actuels dans les chambres parlementaires françaises. En même temps où on y limite la durée des débats qui d’ailleurs sombrent dans la confusion, l’opposition s’offusque d’un pouvoir qui « n’a aucune légitimité » entêté qu’il est dans son refus d’écouter la rue ou les sondages d’opinion.

 

--> La démocratie se trouve écartelée entre les représentants du peuple régulièrement élus pour voter les lois, et les citoyens qui s’expriment tantôt bruyamment par la voie de la manifestation, tantôt silencieusement dans des sondages d’opinions anonymes.

Où donc réside la légitimité démocratique ? On sait depuis les Gilets-jaunes que certains voudraient établir une démocratie directe où le peuple, s’exprimant par référendum, pourrait limoger les élus défavorables à l’opinion du moment. Doit-on dire adieu à la démocratie représentative, et donner force de loi aux opinions publiquement revendiquées comme volonté populaire ?

 

- On devine que personne ne souhaite cela, même parmi les dirigeants populistes qui sont arrivés au pouvoir portés par l’agitation qu’ils ont soigneusement favorisée. Toutefois cet argument ne suffit pas parce qu’on espère toujours que ce qui s’est produit ici ne se reproduira pas là.

Mais écoutons quand même les propos désabusés des électeurs britanniques qui ont voté par référendum pour la sortie de la Grande-Bretagne de l’Europe-Unie et qui le regrettent à présent : « Je suis choqué, déclare l’un d’eux, nous avons vraiment voté pour sortir de l’Union européenne. Je n’aurais jamais cru que cela pouvait arriver. Mon vote, je n’ai pas pensé qu’il pouvait compter parce que j’imaginais que nous allions rester » (Lu ici)

Alors certes on a là un cas bien connu de manipulation politicienne, comme le déclare l’auteur de l’article cité : « Le Brexit n'avait pas de fondement économique, ce n'était ni plus ni moins qu'une manœuvre opportuniste ayant pour but d'assurer la réélection du Parti conservateur ». Il n’empêche que la déception des électeurs tient justement au fait que leur vote ait eu un pouvoir, comme s’il n’avait eu pour fonction que de manifester une humeur, un peu comme ce qu’enregistrent justement les sondages. 

A l’heure où on voudrait gouverner avec des sondages, les électeurs voudraient que le vote ne soit qu’un sondage de plus, qu’il n'ait en tout cas pas plus d’importance.

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