Bonjour-bonjour
Comment comprendre l’impossibilité où est la France de trouver une majorité capable de s’entendre sur un projet – celui voulu par le peuple ?
C’est que chaque formation politique prétend être la seule capable de dire à la fois cette volonté et comment y satisfaire. Et quand on prétend former une coalition qui, par un mixage des projets envisagés par chaque parti, affirme posséder le seul programme capable de donner corps à cette entreprise, celle-ci se heurte aux autres projets.
« Tout le monde uni – derrière moi » : voilà la proclamation des chefs de partis – et voilà le malheur de la démocratie : c’est que des individus, qui peuvent ne rien représenter d’autre que leur seule conviction, prétendent être seuls dépositaires de la volonté populaire. Ils auraient donc connaissance de la vérité politique, celle qui ne pourrait se concevoir autrement ni a fortiori s’exécuter sans eux.
- Mais à quel compromis devraient aboutir ces déclarations orgueilleuses ? Après tout la démocratie en donnant le pouvoir au peuple lui reconnait l’exclusivité de la connaissance de ses propres besoins. Ainsi quand le peuple réclame du pain (ou l’éducation, ou la santé, ou les loisirs, etc.) c’est une banalité de reconnaitre que la classe politique est unanime à admettre ces besoins comme devant légitimement être satisfaits. Mais l’essentiel reste à faire, parce qu’on a confondu les besoins et les moyens de les satisfaire : dire que l’on d’accord avec ce projet, c’est une grosse banalité ; mais aujourd’hui, la colère populaire contre les partis incapable de gouverner ensemble (donc de gouverner tout court) ne fait que retenir ceci : un homme politique c’est quelqu’un qui reconnait cette mission, et qui s’attelle à la remplir.
En disant cela on dit que ces hommes politiques ne doivent s’intéresser qu’aux moyens de satisfaire à ces besoins unanimement reconnus. Mais ce faisant on entre dans le domaine du savoir objectif. Par exemple, pour donner à chacun un pouvoir d’achat décent, ce que tout le monde admet comme nécessaire, on peut « faire payer les riches » ou au contraire leur donner la satisfaction qui les invitera féconder de leur richesse notre pays plutôt que celui du voisin. Cette alternative est objectivement réalisable et ses effets sont relativement prévisibles. Telle est la marge de choix qui nous est laissée étant entendu que les besoins ne sont pas discutables. Là devrait être le débat démocratique et là devrait s’exprimer le suffrage populaire.
Mais c’est là où la compétence du peuple ne peut plus être présupposée. D’où le retour en force des rapports… de force.
Ce que disaient au 18ème siècle les tenants du despotisme éclairé : « Tout pour le peuple, rien par le peuple »
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