jeudi 8 août 2024

Religion du sport – Chronique du 9 aout

Bonjour-bonjour

 

Un petit coup d’œil généalogique sur l’Olympisme. On sait combien la référence à la Grèce ancienne, conçue comme le berceau de "la Civilisation" par le 19ème siècle, a été décisive. Qu’avons-nous conservé de cette lointaine époque ? Et qu’avons-nous oublié ?


1 - Déjà, n’oublions pas que la référence à la pacification et à l’universalisme humain n'est pas vraiment une valeur grecque. En effet, les grecs ne retenaient pour ces jeux que les citoyens des cités grecques à l’exclusion des cités barbares ainsi que des femmes et des esclaves qui n’étaient pas citoyens. D'ailleurs, la pause dans les combats durant les jeux faisait référence à l’impunité garantie aux combattants traversant des Cités ennemies pour se rendre aux jeux. Comme il vient d'être signalé, la paix n’était surement pas une valeur, la guerre seule permettant de mettre les héros en valeur dans ces sociétés édifiées sur un modèle militaire.


2 - Chez les grecs, la religion était essentielle pour ces jeux, qui en étaient une forme de célébration, ainsi que le rapportent de nombreux exemple, tels que chez Homère lorsqu’Achille fait organiser des jeux funéraires en l’honneur de son bien aimé Patrocle mort au combat.

Quant aux Dieux on sait quel rôle ils jouaient durant les conflits.


3 – L’originalité des Jeux antiques était le caractère absolument non lucratif de la victoire. Le vainqueur était couronné de laurier et tel était sa récompense, jugée pourtant déjà abusive par certains, tel Euripide qui fait dire à un de ses personnages (dans un fragment d’« Autolycos ») qu’on ferait mieux de couronner de lauriers les sages plutôt que les athlètes qui jouissent d’avantages excessifs : « Parmi les milliers de fléaux qui existent en Grèce, il n’en est de pire que la race des athlètes. »

 

Deux caractères de ces jeux imités de l’antiquité subsistent :

- Le caractère désintéressé des athlètes antiques motivés par la seule gloire a été présent dès les débuts avec l’amateurisme voulu par Pierre de Coubertin (qui ne consistait pas dans le caractère secondaire de la préparation des athlètes mais dans le fait que leur activité sportive ne générait pas de profit.) C’était une vue plutôt aristocratique, où le fait de gagner de l’argent dérogeait à l’esprit voulu pour ces compétitions sportives. A noter que cette obligation a été supprimée en 1972 avec cette nouvelle mouture du serment olympique : « « Au nom de tous les concurrents, je promets que nous prendrons part à ces Jeux Olympiques en respectant et suivant les règles qui les régissent, en nous engageant pour un sport sans dopage et sans drogues, dans un esprit de sportivité, pour la gloire du sport et l'honneur de nos équipes. » 

- La gloire reste bien recherchée mais elle n’est plus seulement individuelle car elle s’étend à l’équipe. Mais aujourd’hui cela va bien plus loin, avec une résurgence du nationalisme où le public voit dans la victoire de ses champions une preuve de la valeur de la Patrie. La spontanéité du chant patriotique entonné dans les tribunes en serait une preuve suffisante alors même que d’autres marqueurs de nationalisme (les écharpes tricolores, et plus décalé mais également significatif les caricatures de français coq au béret basque/baguette de pain/chopine de vin) sont déjà bien présents.

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