samedi 10 août 2024

Spinoza et la fête olympique – Chronique du 11 aout

Bonjour-bonjour

 

Les jeux (Olympiques) sont faits… mais la fête n’est pas finie ! C’est du moins ce que semble espérer le public français pour autant qu’on soit capable de décrypter son comportement et son jugement sur les réseaux sociaux.

D’où l’idée venue de l’Élysée que le 15 septembre on pourrait remettre ça en faisant défiler les athlètes sur les Champs-Élysées comme au temps de la fête du football post coupe du monde.

Est-ce une bonne idée ou bien un calcul bassement politicien au terme duquel le pouvoir aura glané les lauriers des champions – moisson du reste très vite fanée ?

- On avait dit en 98 que c’était l’avènement de la France black-blanc-beurre : on a vu ce qu'il en est et on a des raisons de croire que l’optimisme et la fierté d’être français qui règne aujourd’hui durera aussi peu de temps.

Faut-il admettre comme une évidence ce bilan au pessimisme anticipé ?

Bien sûr les émotions des compétitions sportives vont s’estomper ; mais est-ce pour autant que leur effet disparaitra ? On peut croire que l’effort de surmonter les obstacles n’est pas inutile et que la joie de le faire peut bien s’estomper, ce n’est pas pour autant qu’on va retomber au niveau antérieur.

 C’est ce que nous pouvons comprendre en lisant l’Éthique de Spinoza, quand il détaille les effets des passions (la philosophie de l’époque utilisait le terme de passion là où nous parlons plutôt d’émotion) (Voir le cours de Gilles Deleuze Sur Spinoza ici - et un extrait sur les passions ici)


- Car cette fierté se nourrit des émotions positives qui se dégagent des tribulations de nos sportifs. Tout comme les passions joyeuses de Spinoza, ce qui nous arrive aujourd’hui mérite d’être considéré avec attention. 

Car la joie qu'on observe aujourd'hui est certes un élan bref - mais qui peut accompagner un effet durable. Les passions joyeuses en augmentant notre puissance d’agir nous permettent de nous élever au-dessus des passions, non pas qu’elles soient détruites, mais réduites à une région étroite de notre être.

Écoutons Spinoza : on ne détruit pas les passions, mais on peut prendre appui sur elles pour nous élever. C’est cela que Deleuze découvre dans son célèbre cours sur Spinoza (en ligne ici).

Il serait bien de ne pas l’oublier, pour une fois que la philosophie peut utilement conseiller la pensée politique.

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N.B. Reste la question de savoir si les exploits des athlètes français a quelque chose à voir avec nos propres exploits. Mais ça, c'est une autre histoire

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