lundi 19 août 2024

En politique il ne suffit pas de savoir : il faut aussi agir – Chronique du 20 aout

Bonjour-bonjour

 

Le Président de la République est de toute part sommé de désigner un premier ministre, dans un contexte très incertain où la crise politique menace de devenir crise institutionnelle au cas où aucune majorité ne serait possible.

Des noms circulent déjà, certes ; mais cela ne suffit pas à décider. On devine le Président méditant devant son agenda : quelle date retenir pour mettre sur les rails un candidat 1er ministre ? Car faute d’avoir la majorité, il faut combiner les forces en présence pour obtenir une investiture viable. Il faut donc, comme on dit aujourd’hui, que toutes les planètes soient alignées – ou pour parler comme les grecs trouver le kairos, trouver le bon acte au bon moment.

Mais quel est donc ce bon moment ? Comment le reconnaitre ?

 

- C’est là que les grecs, encore eux, nous fournissent le concept central. Il s’agit de la crise telle que définie par les disciples d’Hippocrate. Car en politique comme en médecine, le crise est décisive pour agir : elle est le moment de basculement lorsque l’état apparent de santé est remplacée par celui où se révèlent les symptômes significatifs. « Les hippocratiques ont dégagé la notion de crise, instant critique où la maladie évolue vers la guérison ou la mort, c’est à ce moment précis que l’intervention du médecin prend un caractère nécessaire et décisif » (voir ici)

 

- Suffit-il de prévoir pour résoudre la crise ?

Si la crise est le moment de l’observation, son déclenchement est porteur du kairos. Car voir le moment opportun n’est rien s’il n’est pas accompagné de la décision de s’en emparer pour agir. Ici savoir et agir ne doivent faire qu’un, même si dans leur nature ils sont dissociables. Ce pouvoir de décision est comparable à la virtu du Prince chez Machiavel. Lorsque le savant peut se contenter de prévoir, le Prince doit immédiatement décider : « la chance doit être saisie aux cheveux, mais elle est chauve » disait Stendhal. Modérons son propos : elle est chauve, certes ; mais seulement par derrière.

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