Le chanteur, condamné à huit ans de prison pour avoir tué sa
compagne Marie Trintignant en 2003, est depuis plusieurs semaines la cible
de protestations grandissantes de plusieurs collectifs, notamment féministes,
qui réclament l'annulation de ses concerts. Plus de 75 000 personnes ont
ainsi signé une pétition en ligne pour demander
l'annulation de sa venue en mai au festival Papillons
de nuit, dans la Manche. "En mettant en lumière Bertrand
Cantat, vous banalisez les violences faites aux femmes et vous les
cautionnez", peut-on lire dans le texte qui accompagne la pétition.
Cet événement qui fait écho à de nombreux autres comme
l’éviction de Woody Allen et de Roman Polanski lors de divers festivals du
Cinéma, pose le problème du rachat de la faute et du pardon. Rien que cela, et
on comprend que, dans l’atmosphère actuelle où il n’y a de place que pour les
éructations et les vomissures un débat éthique ne trouve pas vraiment sa place.
Occasion de rappeler que les décisions judiciaires ne
doivent pas être confondues avec les jugements moraux, et que si les premières
sont parfaitement définies par la loi, sans que nous n’ayons à nous impliquer,
les secondes en revanche demandent un peu plus d’engagement personnel.
Quand donc monsieur Cantat aura-t-il fini de payer ?
Quand donc sa faute sera-t-elle pardonnée ? Car n’est-ce pas, à tout jamais il reste et il restera
vrai qu’il a tué Marie Trintignant et rien de pourra faire que sa mort puisse
être effacée. Et pourquoi faudrait-il considérer que ce crime, qui l’empêchait
de monter sur une scène il y 15 ans ne l’en éloigne plus à présent, comme si
cette horreur s’était estompée dans les consciences, que l’oubli puisse être
admis comme adjuvant moral ?
Les victimes disent : « Nous n’oublions pas et le
moins qu’on puisse nous reconnaître, c’est le droit à ne pas oublier
Marie ».
Ici, le philosophe n’a rien de spécial à dire sauf que dans
sa besace de philosophe, il y a des livres de Nietzsche qui affirment que
l’oubli est une force active qui
permet tout simplement de continuer à vivre. Refuser d’oublier le crime de
Bertrand Cantat, c’est rester bloqué sur la rumination de son acte. Après tout,
n’est-ce pas un peu ce que disent les américains pour justifier la peine de
mort : c’est cela seul qui permet aux victimes de faire leur deuil.
Qu’on
pende Bertrand Cantat !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire