« Pour nous, l'important est de sortir un peu
de l'image fromagère de la Normandie –camembert, pont-l'évêque, les falaises
d'Étretat, les pommes, les vaches– et assumer le côté extrêmement pro-business. »
(Alexandre Wahl, directeur de l'Agence de développement de Normandie – Lu ici)
En lisant ça,
je sursaute. Comment ! Nous voilà en 2018, en pleine époque de retour aux
« fondamentaux » de la vie humaine, à rechercher nos racines et pas
seulement culturelles, mais aussi biologique, celles qui nous unissent
intimement et mystérieusement à notre environnement naturel – et voilà donc un
monsieur qui, pour inviter les investisseurs pro-business, met une bâche sur
les verts pâturages du bocage normand pour cacher la belle nature et inviter
ainsi les usines et les tours de 50 étages à pousser à place des
pommiers ?
Le bocage normand, entre Caen et le Mont
saint-Michel (voir ici)
« Pas de ça chez nous, Monsieur ! Nous
refusons faire pousser les cheminées d’usines en lieu et place de nos
pommiers ! Nous garderons notre livarot et notre Pont-l’Evêque – nous
n’échangerons pas notre cruche de cidre contre les piscines des ingénieurs de
Google ! »
Car, voilà la
vérité : le progrès ne peut se faire sans destruction. Autrefois, on
trouvait normal de démolir un monument vénérable (château, prieuré, vieux
remparts) pour construire de nouveaux édifices. Et aujourd’hui, de la même
façon on stérilise des terres agricoles en les recouvrant de bitume pour les
parkings de nos supermarchés. On a même forgé un mot pour dire ça : l’innovation disruptive (voir ici).
Simplement il s’agit d’un procédé de « mercatique » qui fait
disparaitre et nos pâturages et nos belles vaches normandes ; et les élus
normands ont allègrement troqué ces beaux pâturages contre des promesses
d’emplois. Tant pis pour leurs électeurs : après tout ils n’avaient qu’à
faire attention aux programmes des candidats pour les quels ils votaient !
Mais on dirait
que le vent vient de tourner : après l’abandon du projet d’aéroport de
Notre-Dame des Landes, voici que le projet de parc d’activité près de
Cergy-Pontoise a du plomb dans l’aile :
« Nouveau
coup dur pour le très contesté méga-projet Europacity.
La justice vient d’annuler la création de la zone d’aménagement qui devait
accueillir ce projet de 3 milliards d’euros. Il prévoyait d’implanter d’ici à
2024 un parc d’activités à vocation touristique et culturelle sur 80 hectares
de terres encore agricoles du Val d’Oise. » (Ici)
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