Viviane
Boulin, assistante de caisse, est déléguée syndicale CGT. « En semaine,
déplore-t-elle, il n’y a plus que 10 à 12 caisses ouvertes, sur les 32. Avant
qu’ils installent les 6 caisses libre-service, nous avions 40 caisses. » Elle
explique comment les emplois s’évaporent : « Il y a la "file unique",
qui dessert une dizaine de caisses, avec une machine qui vous dit vers laquelle
vous diriger. Pour nous, c’est l’usine à gaz, on n’a plus jamais trois secondes
pour souffler. » (Lu ici)
Connaissez-vous Viviane Boulin ? Peut-être pas. Sachez
donc qu’il s’agit d’une caissière de Carrefour et que sont travail lui rapporte
950 euros par mois, à peine de quoi vivre.
Mais ce qu’on ne dit pas c’est comment ce travail est vécu. On fait comme si ces personnes étaient
des machines, et on évalue leur travail en terme de rendement, et en mettant
les choses « au mieux », en terme d’énergie fournie et dépensée.
Un exemple au quel vous n’avez peut-être pas pensé : le
temps de latence entre deux clients.
Pour nous, les clients justement, le temps d’attente
aux caisses c'est non seulement du temps perdu, mais encore c’est du
stress et de la frustration : voilà que la file d’attente voisine va
beaucoup plus vite que la votre parce que quelqu’un devant vous bloque tout
avec un achat non répertorié. Et vous vous dites : « Ah, si seulement
ils avaient la bonne idée de faire une file unique avec orientation automatique
vers la caisse disponible ! Comme aux impôts, quoi. » Oui, une
fichtre de bonne idée. Mais les caissières, vous y avez pensé, vous ?
Alors que le minuscule délai entre deux clients lorsqu’il se produit leur
permet de se recomposer voilà que même ça disparaît : la machine humaine
est calibrée sur le fonctionnement de la machine mécanique : jamais
d’arrêt, jamais de temps mort.
Bref : vous finissez votre journée complètement cramée
(« burn-outée ») et vous arrivez à la fin du mois avec 950 euros sur
votre compte.
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