jeudi 12 avril 2018

EVACUATION DE LA ZAD DE NOTRE-DAME-DES-LANDES : CE N’EST PAS UNE « TABULA RASA »

« Pour moi, la négociation ne peut que continuer. Ce n’est pas une « tabula rasa », a assuré Nicole Klein, la préfète de Loire-Atlantique »


Cette image rappelle le slogan de Paris-Match : « Le poids des mots, le choc des photos » sauf qu’on se dit que, quand même, l’image vaut plus et mieux que les mots ; il faut même admettre que les circonstances donnent à cette image un poids qu’elle n’aurait pas sans cela. Car devant la photo de cette énorme tractopelle manipulant avec délicatesse le panneau (barré) de Notre-Dame-des-Landes, on serait tenté de s’émerveiller devant tant de délicatesse et de précision. Mais si l’on pense aux « destructions mesurées » annoncées, on regarde mieux et on voit de tout petits bonhommes ridiculement petits à côté du mastodonte mobilisé pour déblayer le terrain : ce sont les CRS qui vont avancer dans le sillage de l’engin – un peu comme sur le champ de bataille les fantassins cachés derrières les chars d’assaut avancent vers les lignes ennemies.
Car voilà que les images (pourtant sélectionnées rigoureusement par le ministère de l’intérieur) se mettent à parler : dans des pâturages et des sentiers détrempés, on voit ces « soldats » dérisoirement armés de fusils qu’on croirait pris dans des panoplies d’envahisseurs de l’espace, avancer en courant et s’arrêtant pour tirer des projectiles fumant.
Oui, tout cela est grotesque – peut-être parce que les caméras nous cachent les blessés qu’on évacue sur des civières ; mais surtout parce qu’on coupe avant de voir l’essentiel : la fameuse tractopelle qui écrase et démantibule les pauvres « constructions » des zadistes, faites de planches et de matériaux de récupération.
Les zadistes aussi nous émeuvent : eux qu’on avait crus de dangereux révolutionnaires, les voilà, face caméra avec leur passe-montagne, fragile rempart contre les gaz lacrymogènes, qui pleurent d’émotion et de tristesse : leurs belles fermes-alternatives, leurs lieux de vie collective détruits par le monstre froid du gouvernement.

L’imagination voulait prendre le pouvoir en mai-68 : elle n’a su qu’en faire. Ici ce n’est pas la même chose : elle est trop fragile pour même s’en approcher.

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