« Pour moi, la négociation ne peut que continuer. Ce n’est
pas une « tabula rasa », a assuré Nicole Klein, la préfète de
Loire-Atlantique »
Cette image rappelle le slogan de Paris-Match : « Le poids des mots, le choc des photos »
sauf qu’on se dit que, quand même, l’image vaut plus et mieux que les mots ;
il faut même admettre que les circonstances donnent à cette image un poids
qu’elle n’aurait pas sans cela. Car devant la photo de cette énorme tractopelle
manipulant avec délicatesse le panneau (barré) de Notre-Dame-des-Landes, on
serait tenté de s’émerveiller devant tant de délicatesse et de précision. Mais
si l’on pense aux « destructions mesurées »
annoncées, on regarde mieux et on voit de tout petits bonhommes ridiculement
petits à côté du mastodonte mobilisé pour déblayer le terrain : ce sont
les CRS qui vont avancer dans le sillage de l’engin – un peu comme sur le champ
de bataille les fantassins cachés derrières les chars d’assaut avancent vers
les lignes ennemies.
Car voilà que les images (pourtant sélectionnées
rigoureusement par le ministère de l’intérieur) se mettent à parler : dans
des pâturages et des sentiers détrempés, on voit ces « soldats »
dérisoirement armés de fusils qu’on croirait pris dans des panoplies
d’envahisseurs de l’espace, avancer en courant et s’arrêtant pour tirer des
projectiles fumant.
Oui, tout cela est grotesque – peut-être parce que les
caméras nous cachent les blessés qu’on évacue sur des civières ; mais
surtout parce qu’on coupe avant de voir l’essentiel : la fameuse
tractopelle qui écrase et démantibule les pauvres « constructions »
des zadistes, faites de planches et de matériaux de récupération.
Les zadistes aussi nous émeuvent : eux qu’on avait crus
de dangereux révolutionnaires, les voilà, face caméra avec leur passe-montagne,
fragile rempart contre les gaz lacrymogènes, qui pleurent d’émotion et de
tristesse : leurs belles fermes-alternatives, leurs lieux de vie
collective détruits par le monstre froid du gouvernement.
L’imagination voulait prendre le pouvoir en mai-68 :
elle n’a su qu’en faire. Ici ce n’est pas la même chose : elle est trop
fragile pour même s’en approcher.
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