Le groupe séparatiste « Pays
basque et liberté », qui sera dissous en mai, a tué plus de huit cents
personnes au cours des décennies de lutte contre l’Etat espagnol. Dans son
communiqué du 20 avril, le groupe séparatiste ne demande rien en échange des
excuses publiques. (Lu ici)
Ça ne vous rappelle
rien ? Oui, Hugo, le révolutionnaire de la pièce de Jean-Paul Sartre Les Mains
sales, très marquée par la problématique de la violence en politique. Certes
l’interrogation sur la responsabilité n’est pas vraiment mise en cause, mais
authenticité de l’engagement est primordiale ici.
Que pensent donc ceux qui ont
commis les crimes dont l’ETA se repend aujourd’hui et qui restent emprisonnés
pour avoir commis ces meurtres ? Doivent-ils dire : « Dois-je
m’excuser avec le Parti pour les forfaits que j’ai commis ? Dois-je le
regretter – voire même en avoir honte ? D’ailleurs ce qui est une faute
aujourd’hui l’était-il déjà il y a 15 ans ? »
On comprend que cette
rétroactivité de l’erreur pose un grave cas de conscience à ceux qui ont fait
périr des ennemis.
Mais ce n’est pas tout :
que doivent penser les victimes, ou leurs familles ? Ils doivent se demander :
« La faute reconnue efface-t-elle la farouche arrogance des terroristes ?
L’excuse permet-elle le pardon ? »
On le voit, les
problématiques sont multiples. Mais toutes aboutissent à cette aporie du temps
et de son irréversibilité : l’excuse ne ressuscite pas les morts parce que
le temps ne peut faire marche arrière. L’excuse ne porte que sur le présent et
le passé lui reste inaccessible.
Dès lors à quoi bon
s’excuser ?
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