samedi 28 décembre 2019

Les danseurs de l’Opéra de Paris disent "non" à la clause du Grand père

« Les danseurs de l'Opéra de Paris sont les seuls et uniques en France avec cette retraite privilégiée de 42 ans ! Tous les autres danseurs sont la plupart du temps en CDD avec rien au bout ! », a tweeté Marc Ribaud, directeur de la danse du ballet de l'Opéra de Nice.
"Il nous est proposé d'échapper personnellement aux mesures, pour ne les voir appliquées qu'aux prochaines générations. Mais nous ne sommes qu'un petit maillon dans une chaîne vieille de 350 ans. Cette chaîne doit se prolonger loin dans le futur : nous ne pouvons pas être la génération qui aura sacrifié les suivantes" (Lu ici)

La Président Macron que rien en fait trembler n’a pas hésité à toucher à une régime de retraite décrété par son glorieux prédécesseur, Louis XIV, pour déterminer que l’âge de départ à la retraite à 42 ans sera  aboli par la nouvelle loi-retraite. 
Alors on dira qu’en 1698 l’état physique des danseurs à 42 ans était peut-être pire qu’aujourd’hui à 62 ans ? Pas si sûr : les cartilages ne sont pas plus solides de nos jours, même si les hanches de nos danseurs sont maintenant en titane, ça ne répare pas tout.
- Mais l’important n’est pas là : il est dans le refus de la « clause du grand-père » fort mauvaise expression pourtant admise, pour désigner l’acceptation de la reforme sous condition d’en être exempté pour soi-même. Ce que les danseurs refusent c’est de sortir de la longue chaîne des générations de danseurs de l’Opéra de Paris, d’être ceux qui mettront un terme à ce que Louis XIV a voulu pour eux.
On est alors dans ce que Luc Ferry appelle une « transcendance horizontale » qui dépasse les individus sans les faire basculer dans un autre monde. Chaque danseur n’existe que comme un élément d’un grand tout appelé « Corps de ballet de l’Opéra de Paris » et comme tel il ne peut accepter une modification qui, sans le modifier lui-même, affecterait ce grand tout. 
C’est un peu comme ces manipulations génétiques qui affectent le génome de l’espèce à partir d’une seule modification du patrimoine de l’individu. Car en effet tout cela est du pareil au même, qu’il s’agisse de l’identification de l’individu à l’espèce, ou du danseur à son corps de ballet.
« Corps de ballet » : le terme est en effet éloquent.

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