samedi 6 janvier 2024

La fast fashion a tout envahi – Chronique du 7 janvier

Bonjour-bonjour

 

Cet article est consacré aux « Boites à livres », ces endroits où des gens déposent les livres dont ils ne veulent plus préférant les donner plutôt que de les jeter.

En voici un extrait : « On ne jette pas les livres. Nous les revendons de plus en plus, mais aussi, donc nous les partageons. Il est intéressant de noter que même les Tracts Gallimard, vous savez, ces brefs essais, imprimés sur du papier recyclé et vendus moins de 4 euros, se retrouvent dans ces boîtes à livres. Ils sont moins chers et moins épais qu’un magazine, oui, mais ce sont des livres. Et donc, on ne les jette pas. Il y a quelque chose de presque anthropologique là-dedans. » (Extrait du Podcast d’Anne Rosenger)

 

Toutefois, regardez cette photo :



- J’ai réalisé cette photo en août 2022 chez Emmaüs à Reims. Il s’agit d’un container à déchets où les donateurs d’Emmaüs sont priés de déposer les livres qu’ils apportent et qui sont systématiquement rejetés. En bonne position un volume de l’Encyclopaedia Universalis, qui était entouré des autres volumes constituant une série complète.

Sans parler des ouvrages qui environnent ces volumes de l’Encyclopédie, et en rappelant les fantasmes de culture qui dans les années 70 ont accompagné le développement de cet ouvrage (on allait jusqu’à s’endetter pour l’acquérir), on relativise fortement le constat optimiste du Podcast cité aujourd’hui. Non, les gens ne respectent plus les livres, ils les jettent parce qu’on ne peut plus les donner : plus personne n’en veut. Même Emmaüs n’en veut plus, c’est encombrant et ça ne se vend pas.

 

- Songeant qu’autrefois on aimait transmettre en héritage nos bibliothèques, j’en viens à me demander « Et vous, qu’aimeriez-vous transmettre à vos descendants ? »

Pas votre smartphone bien qu’il soit votre objet chéri, celui sur lequel vos mains ont déposé le plus d’ADN : qui donc voudrait d’un pareil héritage ? Vous-mêmes allez le jeter dans quelques années, voire même dans quelques mois pour le remplacer par un appareil de nouvelle génération. Les modèles anciens se revendent certes, mais « reconditionnés » pour faire croire qu’il s’agit d’un objet doué d’une nouvelle vie. Pourriez-vous donner en héritage un meuble, bureau, table de cuisine, fauteuil ? Ils seraient dans le logement de vos enfants en compétition avec les meubles Ikéa jugés mieux adapté et de meilleure apparence. 

Mais surtout, qu’avons-nous à faire avec ces témoignages du passé ? Autrefois on croyait qu’ils bénéficiaient d’un surcroit de puissance et d’efficacité issues de l’usage de plusieurs générations. Mais aujourd’hui, tout cela n’a plus lieu d’être : la fast fashion ne concerne pas seulement le vêtement : elle concerne aussi notre environnement hightech, mais aussi nos appartements, nos loisirs, nos moyens de déplacement. Nos objets n’ont plus le temps de vieillir.

Et nous-mêmes ? 

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