Bonjour-bonjour
L’annonce de la paternité de Nordahl Lalandais a secoué l’opinion. On s’est d’abord intéressé à la situation dans laquelle ce prisonnier soumis à des règles de sécurité draconiennes a pu au cours d’un parloir avoir des rapports sexuels avec une femme – faute de détails on s’est désintéressé de la chose.
On s’est alors interrogé sur le penchant qui conduit des jeunes femmes à tomber amoureuses de ces criminels qui paraissent pourtant parfaitement répugnants.
Et en effet : outre Nordahl Lelandais, de nombreux criminels, comme Charles Manson, Marc Dutroux ou encore Ted Bundy, suscitent eux aussi l'attirance de certaines femme
« Chaque jour, sur les bancs de la cour d'assises de Paris, la journaliste Isabelle Horlans voit s'installer aux premiers rangs "plusieurs jeunes femmes qui faisaient tout pour que Guy Georges (le tueur de l’est parisien) les regarde". » (Lire cet article)
Cette attirance pour les meurtriers, les violeurs et même les pédophiles porte un nom: l'hybristophilie, du grec ancien hybrizein, qui signifie "commettre un outrage contre quelqu'un" et de philein, "qui aime". Il s'agit d'une paraphilie (= perversion) dans laquelle un individu est attiré (physiquement, sexuellement ou mentalement) par une personne ayant commis un crime. (art. cité)
Je vous laisse lire le détail des motivations qui poussent ces jeunes femmes à aimer ces criminels : il s’agit d’une multiplicité de cas différents. Pourtant il ressort que dans la plupart des cas elles ont oublié l’horreur de ces crimes pour ne voir que la personne soumise à l’enfermement, dont la personnalité pouvait s’épanouir dans l’échange des lettres puis de visites au parloir de la prison.
Alors, laissons pour le moment de côté le fait que certaines aient pu suivre la carrière criminelle de leurs étranges amants (comme Monique Fourniret que l'on vient de juger en cour d'assises). Ce qui importe c’est que l’amour puisse naitre à l’occasion de telles rencontres. Que même Marc Dutroux le monstre belge ait pu séduire une femme et lui faire oublier ses crimes abominables montre un effet de l’amour qui peut nous aussi nous affecter.
- Oui, nous-mêmes, avons-nous été assez lucides pour savoir pourquoi les défauts de la personne aimée ne nous intéressaient pas ?
- Mais voilà : c’est sans doute une constante de l’âme humaine, du moins c’est ce que laisse entendre cette lettre de Descartes : « Lorsque j'étais enfant, j'aimais une fille de mon âge, qui était un peu louche ; au moyen de quoi, l'impression qui se faisait par la vue en mon cerveau, quand je regardais ses yeux égarés, se joignait tellement à celle qui s'y faisait aussi pour émouvoir la passion de l'amour, que longtemps après, en voyant des personnes louches, je me sentais plus enclin à les aimer qu'à en aimer d'autres, pour cela seul qu'elles avaient ce défaut; et je ne savais pas néanmoins que ce fût pour cela » (René Descartes, lettre à Chanut (6 juin 1647)
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