Bonjour-bonjour
Dans les dernières pages de Yoga, le livre si attachant d’Emmanuel Carrère, je tombe sur une observation (que je révèle sans je l’espère divulgâcher votre éventuelle lecture) : la vie des malades bipolaire a été bouleversée par le traitement au sel de lithium : « Qui suis-je donc qu’un peu de sel change ma vie à ce point ? » écrit Emmanuel Carrère. Je cite de mémoire et sans doute de façon peu fidèle, mais l’idée est là : un tout petit peu de ce sel et voilà tout une vie, un destin même qui s’en trouve bouleversé !
De tels exemples abondent, je voudrais en citer deux :
- Cromwell, dont la mort eut un impact majeur sur l’histoire de l’Angleterre, mourut d’une crise de malaria qu’à l’époque on attribua à un calcul urinaire : « Un grain de sable dans l’urètre de Cromwell suffit à changer le cours de l’histoire » dit-on alors. C’est ce décalage entre le grain de sable et la puissance de ce quasi-souverain de l’Angleterre qui mit en lumière le fait que les hommes sont tout compte fait bien peu de choses. Au firmament de la gloire les voilà précipités dans le néant par le grain de sable qui y confine.
- Sainte Thérèse d’Avila qui a décrit l’extase miraculeuse (la Transverbération) qu’elle éprouva lorsqu’un ange lui perça le cœur et les entrailles lui procurant une ineffable sensation faite de souffrance et de jouissance. Entre souffrance et extase, le dard enfoncé par l’ange lui aurait procuré un véritable orgasme – comme le montre le visage de la sainte statufiée par le Bernin :
La transverbération de Sainte Thérèse d’Avila par le Bernin
Petite cause… oui si l’on veut bien observer que les femmes qui ne sont pas des saintes connaissent bien ces extases qui sont le produit d’un organe minuscule et dont on oublie parfois jusqu’à l’existence. Oui, osons le dire : le clitoris permet à la sensibilité humaine de confiner aux étoiles ; bien sûr je n’oublie pas le pénis, mais les messieurs qui sont fort imbus de la dignité de leur organe n’accepteraient jamais le comparer à un grain de sable !
- Certains voudront ajouter le coronavirus dont la dimension oscille entre 60 et 200 nanomètres (1). Vous me permettrez de préférer fantasmer sur la démesure humaine telle que révélée par l’exemple de sainte Thérèse.
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(1) Le nanomètre équivaut à un milliardième de mètre.
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