samedi 5 décembre 2020

2020, la pire année de l’histoire ? – Chronique du 6 décembre


 


  

2020, la pire année de tous les temps, à « Une » du Times (à lire ici)

 

« Pandémie, décès de George Floyd ou contestations qui ont suivi l'élection américaine –récurrence de désastres écologiques » : jamais au cours de leur histoire les hommes n’ont eu à affronter pareille accumulation de maux. Telle est la constatation du Times, qu’il est facile de critiquer puisque plus personne ne peut témoigner des malheurs de la Grande Guerre, ni de la dépression de 1929, et presque plus personne les camps de concentration nazis.

En réalité, il faut avouer que, s’il est difficile de tenir l’année 2020 pour une année heureuse, on est bien obligé de dire que les maux qu’elle a produits ne sont pas nouveaux, qu’ils se sont répétés un bon nombre de fois dans le passé : l’année 2020 est une année banale. En témoigne cette déclaration de Stephanie Zacharek, une critique de cinéma : « Si 2020 était un film dystopique, vous auriez coupé le film au bout de 20 minutes, tant cette année, en plus d'être la pire de l'histoire, est tristement banale et fade ».

Cette contradiction de la banalité logée dans une année unique en son genre nous révèle peut-être une caractéristique de l’histoire humaine. Car, si les maux qui nous assaillent cette année sont les mêmes que ceux que l’humanité a dû affronter tout au long de son histoire, ils n’ont pour autant pas tous été ressentis de la même façon. Par exemple, si les catastrophes climatiques sont devenues extrêmement brutales, que savons-nous des modifications de la Nature au cours des glaciations – invasion des glaciers ou inc-versement fonte des glaces ? Comment les Néanderthaliens ont-ils jugé leur époque ? « L’année moins 55000 ? C’est vraiment une année de m*** ! »

Ce que nous révèlent les malheurs qui se sont abattus sur nous en cette année 2020, c’est qu’un évènement historique comporte deux faces : l’une constituée de faits objectifs, tels que manque de ressources alimentaire, épidémie, attaque hostile de peuples voisins, etc ; et l’autre de besoins spécifiques à chaque époque.

Là est la surprise : qu’est-ce qui, dans cette année 2020, nous a manqué le plus ? La présence des amis et des gens de notre environnement habituel ? Sans doute, mais rien ne nous autorise à croire que nous souffrons plus que nos aïeux qui ont dû un jour ou l’autre se trouver placés dans la même circonstance. On dirait la même chose à propos des autres ressources, comme les ressources énergétiques – sauf à en distinguer les moyens de communication numériques.

- Non, ce qu’il faut pointer c’est notre besoin absolu de sécurité, et j’ajouterai de la sécurité produite par la science humaine. Car si nous nous référons au passé nous verrons que la précarité de l’existence a été une constante si bien admise par tous, que chaque projet d’avenir devenait un souhait soumis au bon plaisir de Dieu : « Si Dieu le veut ». Mais du coup, si l’avenir était assujetti à un décret divin, on pouvait néanmoins obtenir de Sa toute-puissance un miracle permettant de continuer à vivre.

La science, quant à elle fait des merveilles, pas des miracles.

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