Histoire de Pauline et Julien suite (voir les épisodes précédents ici et là)
Bonjour-bonjour
* Vendredi 1er janvier, 6 heures du matin. Pauline vient d’arriver dans la cuisine clignant des yeux, la chevelure en bataille et l’air maussade. Hier le réveillon s’est passé au mojito et au daïkiri, avec Julien (son compagnon) et Anthony, le copain de Julien, qui a été largué par sa chérie et qui est venu festoyer avec eux. Pauline le retrouve lui aussi attablé dans la cuisine, enfin… il a juste repoussé les boites à pizza et les bouteilles vides pour mettre sa tasse de café noir.
C’est Pauline qui parle :
- Déjà levé, Anthony ? On dirait que la soirée ne t’a pas réussi… Enfin pas plus qu’à moi.
- Oui, sûrement, car je n’ai pas réussi à fermer l’œil depuis 4 heures.
Rien à faire pour dormir, surtout depuis que Laura m’a quitté.
- Alors, pour 2021 il faut te souhaiter de rencontrer une nouvelle Laura ?
- J’y songe, vois-tu. Et puis en même temps je me dis que son départ est peut-être une bonne chose.
- Ce n’est pas ce que tu disais il y a peu.
- Oui, je sais… Mais je me dis aussi que me retrouver seul c’est peut-être l’opportunité pour reprendre mes études, avec des cours du soir pour passer manager commercial dans ma boite.
- Alors voilà des vœux tout trouvés : serre les dents et ne lâche rien, Anthony, c’est ça qui doit compter pour toi. Si tu sens que tu risques de flancher, viens nous voir, on sera toujours là pour toi.
…Anthony et Pauline s’étreignent très ému – c’est le moment de les quitter sur la pointe des pieds et de reprendre notre réflexion abandonnée depuis un bout de temps : comment entrer dans la nouvelle année avec de bonnes dispositions ? Comment croire que tout va aller mieux simplement parce qu’on a changé de millésime ?
Pour répondre à cette question, on pourrait songer à l’attitude d’Anthony, qui au lieu de pleurer sur son triste sort, relève la tête et déclare qu’il va profiter de sa situation pour améliorer sa vie. Car peut-être qu’il y a là quelque chose qui est valable pour nous : on peut estimer qu’il y a du bon dans tout ce qui nous arrive, ce n’est qu’une question de point de vue.
Rappelez-vous : nous avions évoqué 2020 comme annus horribilis, parodiant le poème de John Dryden intitulé Annus mirabilis. Dryden y décrivait l’année 1666 comme merveilleuse – alors que l’Angleterre avait été frappée de nombreux désastres, dont la peste qui avait ravagé le pays. Tout ça aurait été « mirabilis » ? Oui, parce que selon Dryden Dieu avait eu alors l’occasion de monter sa sollicitude envers les anglais en les aidant à endiguer la maladie.
Vous voyez où je veux en venir ? Oui, nous aussi nous avons avec le covid l’occasion de voir combien l’espèce humaine est bonne et industrieuse, elle qui fait de la protection des plus faibles une priorité, et qui invente un vaccin en quelques mois. Alors comme Anthony, entrons en 2021 en chantant à la louange de nos contemporains : « Quand les hommes vivront d’amour, il n’y aura plus de misère… Mais nous nous serons morts, mon frère » (écoutez nos amis canadiens ici). Eh bien, nous y sommes déjà !
* 1er janvier, 18 heures : j’apprends qu’en rentrant chez lui Anthony est mort : il s’est jeté sous une rame RER.
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