vendredi 4 décembre 2020

Vulnérabilité de l’homme – Chronique du 5 décembre

Bonjour-bonjour

 

 « L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature … Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser : une vapeur, une goutte d’eau suffit pour le tuer. » Ah… Oui, Pascal avait raison, voyez ce péché d’orgueil qui nous pousse constamment à nous croire plus forts que la nature entière : elle n’a pas eu besoin d’inventer un nouveau déluge, mais seulement un virus qui ne fait même pas le millionième de l’épaisseur d’un cheveu. Et cela a suffi à nous terrasser et à nous renvoyer devant notre Créateur, à moins que nous ne soyons, pour le reste de notre vie, condamnés à rechercher un souffle disparu. 

Oui, nous ne sommes pas plus forts que des roseaux, et les œuvres que nous créons ne le sont pas non plus : les indicateurs de l’économie, désorganisée au moindre accident, plongent pendant qu’augmente la misère. Qui va nous consoler ?

« Mais quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien »

- Pour Pascal notre consolation vient de notre conscience : nous savons que nous allons mourir. Voilà notre science convoquée pour relever le défi : même si le virus peut nous tuer, nous savons pourquoi, même si nous ne savons pas encore comment le terrasser. Il est vrai que nous vivons dans l’espoir que la science, si lente à avouer qu’elle possède la vérité, soit plus prompte à produire le vaccin miracle qui nous débarrassera de ce cauchemar. Mais que penser de ce vaccin dont on ne sait même pas encore s’il saura bloquer la diffusion du virus. Après ça, pourquoi s’étonner que plus de 60% des gens refusent à l’avance de se faire vacciner ? Quel espoir conserver ?  Devons-nous, comme Pascal nous y invite espérer que Dieu nous pardonnera nos péchés – à commencer par le péché d’orgueil ?

 

Mais nous avons eu tort d’être pessimiste : le salut pourrait bien venir de la bourse : « En hausse pour la cinquième semaine d'affilée, le CAC 40 dépasse les 5.600 points » écrivent les Échos, qui sont d’ordinaire bien informés de ces questions. Et l’info de poursuivre : « /Aux États-Unis/ le déploiement de vaccins, qui devrait stimuler la demande à partir du début de l'année prochaine, devrait maintenir le taux de chômage inférieur à 5% [en 2021], avec des réembauches rapides limitant les effets négatifs à long terme sur le marché du travail. »

Notre économie est beaucoup plus « résiliente » que prévu, simplement parce que pour elle les peurs des bien-portants, les gémissements des malades et les pleurs des familles endeuillées n’existent pas : seuls comptent les producteurs et les consommateurs. Il est vrai que les politiques cachent cela derrière des déclarations humanistes du genre « Pour la première fois la société a choisi de protéger les plus faibles, quoiqu’il en coûte » : c'est ce qu'affirme notre Président. Mais croyez-vous que c’est avec un raisonnement comme celui-ci que le CAC grimpe au ciel ? Si les boursiers n’ont pas d’âme, ils ont un esprit logique pour lequel tout ce qui se produit dans un pays doit être interprété en termes de gains et de pertes financiers ; les humains suivront. « On ne va pas bloquer l’économie du pays pour sauver des vieillards qui de toute façon seront morts dans quelques mois » proclamait Bolsonaro à propos du confinement du Brésil.

Ce sont les populistes qu’il faut écouter, car pour une fois ce sont eux qui disent la vérité. 

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