Bonjour-bonjour
Des signes alarmants concernant la pérennité des salles de cinéma nous parviennent d’un peu partout. D’abord, les exploitants de salles nous expliquent qu’après 6 mois de fermeture et avec des perspectives menaçantes sur leur réouverture, leur trésorerie est exsangue ; et puis, venant des États-Unis, des dépêches nous apprenent que des accords d’exclusivité ont été passés par les majors hollywoodiennes au bénéfice des plateformes, Netflix en tête ; enfin des sociologues de la culture discernent un net désintérêt du public pour cette question : tout se passe comme s’il était indifférent de voir un film dans une salle obscure ou bien sur sa télé.
Durant les 60 dernières années, j’ai vu disparaitre bien des choses que je croyais hors du temps, comme le vélo Solex ou le disque vinyle ; mais jamais je n’aurais cru que le cinéma viendrait allonger cette liste. Dans ma prime jeunesse, alors qu’on ne regardait la télé que lorsqu’un magasin mettait un poste dans sa vitrine, on pouvait entendre une chanson à la radio, dont le refrain disait « La télévision / C’est un cinéma / Où on peut aller / En restant chez soi » (1). A l’époque l’écran de télé était ridiculement petit ; mais aujourd’hui, même si les nôtres occupent tout un mur du salon, il semble tout de même qu'ils ne permettront jamais de remplacer la salle de cinéma, avec son ambiance, avec son espace qui nous enveloppe même dans l’obscurité - et puis surtout avec son public dont nous sentons la présence et dont les réactions entretiennent les nôtres : comment renoncer à tout cela ?
Un article en ligne (voir ici) expose ce débat, en mettant en avant que les jeunes utilisateurs sont trop habitués aux écrans mobiles pour accepter de retourner dans les salles obscures pour voir leurs films au moment où ils sortiront partout en même temps. On affirme aussi que les casques de réalité virtuelle prendront en charge l’ambiance immersive actuellement réservées aux salles. C’est peut-être vrai, mais il faudra quand même beaucoup d’imagination pour que la réalité virtuelle vienne remplacer la réalité tout court.
… A moins que la réalité « tout court » n’existe pas ? Il faudrait alors admettre que, même dans la salle de ciné ce soit mon imagination qui me fasse voir, entendre, sentir tout ce que je ressens ?
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(1) Ça a été repris par Truffaut dans son film de « Tirez sur le pianiste », vous pouvez l’entendre ici. Mais en réalité c’était bien une chanson interprétée par Ray Ventura – ou Jacques Hélian ?
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