Bonjour-bonjour
Depuis que la paléoanthropologie existe, on se demande : Quelle est la trace la plus évidente d’humanité dans les vestiges retrouvés d’un lointain passé ? Non pas celle qui atteste d’une civilisation affirmée, mais bien celle qui marque le moment où l’humanité s’est séparée de l’animalité.
On a cru d’abord trouver cette preuve d’humanité dans les outils de pierre découverts avec les fossiles ; mais on sait aussi que certains primates savent fabriquer des outils et que ces traces préhistoriques ne sont guère probantes. On a dit aussi que les Néanderthaliens appartenaient à l’humanité parce qu’ils donnaient une sépulture rituelle à leurs morts ; mais c’était déjà beaucoup trop, parce qu’on n’imaginait pas ces anthropiens mal dégrossis priant des idoles pour protéger l’âme de leurs défunts.
Si l’outillage était insuffisant et la religion excessive, restait l’art comme preuve d’humanité. Or l’art néanderthalien existe, ainsi que l’atteste cet article de Simon Cherner : « C’est ainsi qu’à l'art pariétal néandertalien sont venus s’ajouter la découverte de mobilier ornemental - dents perforées, pendentifs en coquillage, os décorés, art figuratif sculpté attribués à Neanderthal. » (Lu ici) Mais ce n’est pas tout : l’homme de Denisova s’invite dans la partie : « une grotte dénisovienne permet d'attribuer à notre lointain cousin le mobilier ornemental trouvé sur place, comme des anneaux et des perles faites en os de mammouth. » (Idem)
Les plus anciennes traces de ce comportement ne sont donc pas l’art, mais la décoration. Pas des peintures pariétales, mais des guillochures sur des outils, ou des pendentifs décorés.
Aujourd’hui on a cessé de croire que les hommes se distinguent des animaux par la raison ou par la conscience. Le premier moment de l’humanité est arrivé lorsqu’il s’est occupé à fabriquer des artefacts inutiles, du moins inopérants en tant qu’outils. On a déjà vu des chimpanzés fabriquant des mortiers pour écraser les noix ou des harpons pour capturer des fourmis ; on n’en n’a jamais vu décorant leurs pilons pour les personnaliser. La preuve la plus originale de l’humanité est la production d’artefacts décorés (1).
Alors, vous voyez où je veux en venir ? Non ? Rappelez-vous :
Les arts mineurs, tels que le music-hall, sont peut-être inessentiels – mais c’est pour cela qu’ils sont précieux. Dans les activités humaines ce sont les moins essentielles qui révèlent notre humanité, et ce sont donc elles qu’il faudrait sauver en cas de débâcle culturelle !
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(1) « En ethnographique et archéologique, un artefact ancestral peut être défini comme tout objet de matière première naturelle (silex, obsidienne, bois, os, cuivre natif, etc.) fabriqué par des personnes … » (Art Wiki)
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