lundi 22 mars 2021

Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste ! – Chronique du 23 mars

Bonjour-bonjour

 

Les excuses a minima de Pierre Ménès, suite au doc consacré au harcèlement des femmes journalistes sportives, sont douloureuses à entendre. Déjà parce qu’elles se terminent par l’excuse de l’humour dont manquerait la collègue féminine, manière de réduire le geste inapproprié à une blague (Tout de même : embrasser de force deux femmes journalistes) ; mais encore et surtout parce que ces « pratiques » sont si répandues que les victimes ont rempli tout un doc de Marie Portolano sur le sujet.

Cette excuse de l’humour qui est censé couvrir les propos sexistes fait appel à l’esprit de corps des hommes supposés former un club de gens qui blaguent entre eux et dans lequel les femmes ont certes une place : celle de potiches qui ne sont là que pour justifier par leur silence le mépris dont elles sont victimes (1). Et si l’un de ces messieurs se prend à soulever la jupe de leur collègue (comme c’est arrivé sur un plateau télé de sport), eh bien on dira qu’il ne fait que reproduire le geste des garçons dans la cour de l’école. Il n’y a pas mort d’homme, comme on dit…

Humiliation et aliénation sont les conséquences les plus couramment citées pour stigmatiser ces comportements. Et en face de cela, les excuses maugréées sans conviction et sous la pression de Canal+ par Pierre Ménès laissent deviner combien les hommes qui ont l’habitude de harceler les femmes ont la conviction que celles-ci sont essentiellement des objets destinés à soulager leur libido – et que celles qui regimbent ont mauvais caractère, justement parce qu’elles sont mal b*** ; moyennant quoi ils proposent leurs services.

Aujourd’hui certains hommes harceleurs ont peur et se posent en victimes : « Alors, on peut même plus rigoler ? Encore l’influence des américains, tous des c*** serrés ! » La peur n’est pas une issue, on le voit bien. Le problème ne sera résolu que lorsque les hommes auront honte de faire partie du même groupe que ces gens-là.

———-

(1) L’humour, l’ironie, le second degré en général servent souvent de couverture aux lâches qui veulent dire certaines choses sans les assumer : " Alors quoi ? On peut même plus blaguer ?"

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire