mercredi 17 mars 2021

Corpus delicti – Chronique du 18 mars

Bonjour-bonjour

 

Suite à la « performance » de Corinne Masiero lors de la cérémonie de remise des Césars, c’est devenu une banalité de dénoncer sa mise à nu symbolisant le dénuement des intermittents du spectacle. À noter qu’on n’a pas dénoncé le fait qu’elle ait outragé les mœurs ; mais seulement qu’elle ait dévoilé un corps qui, à 57 ans, outrage l’esthétique. (1)

 

La réponse de l’actrice mérite qu’on s’y arrête : « Ma force, c'est d'être moche, populaire, et vulgaire. Parce que vulgaire, c'est « qui vient du peuple ». Donc, si ça gêne des gens, ben posez-vous la question de pourquoi ça vous gêne messieurs dames ! » (Voir ici) On reconnait l’attitude des gilets-jaunes qui ont martelé durant plus d’un an qu’ils sont le peuple souverain qui depuis 1789 possède seul la légitimité du pouvoir – mais que dans le même temps ce pouvoir a été accaparé par les élites qui, en plus de les dominer socialement, les humilient et les méprisent. Le raisonnement de Corinne Masiero consiste à dire : « Si mon corps vous gêne, c’est parce que vous avez décidé, vous et personne d’autre, qu’on ne doit pas montrer des seins qui tombent et des fesses en ruines ; et cela, ce n’est pas par admiration pour la beauté du corps, mais bien pour mépriser ceux qui ne possèdent pas ces perfections. » 

Cette analyse est toutefois incomplète : Corinne Masiero aurait dû ajouter que pour les élites la vulgarité vient de la laideur, laquelle serait (toujours selon ces mêmes élites) l’apanage du peuple. On voit bien qu’on s’engage dans un débat sur le beau et le laid impliquant le jugement de goût – le quel n’étant pas conceptuel ne peut jamais aboutir. Mais on voit surtout que le beau et le laid ne sont pas seulement des valeurs qui orientent nos choix esthétiques, mais qu'en plus elles permettent d'exclure ceux qui ne les reconnaissent pas.


- Bref : l’autre jour on a vu un corps nu – on a eu tort. On aurait dû le voir revêtu d’un gilet jaune 

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(1) On me permettra de ne pas montrer une nouvelle fois des images constituant ce corpus delicti, l’ayant déjà publié ici il y a 3 jours

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