lundi 1 mars 2021

Si loin, si proche – Chronique du 2 mars

Bonjour-bonjour

 

Regardez cette photo et dites-moi si vous connaissez ce monsieur : 





Oui ? Non ? Vous donnez votre langue au chat ?

Eh bien il s’agit de l’homme de Néandertal, tel que reconstitué par des scientifiques et publié par la revue du CNRS - Rien que ça !

Lorsque je rencontre des articles consacrés à la préhistoire et illustrés d’images fictives comme celles-là, je tourne la page rapidement : encore des promesses de sensations fortes réservées aux amateurs de ce genre d’émotion. On sait combien nous aspirons à sortir notre espèce de sa solitude en nous trouvant des alter ego, en général venus du fond de l’espace à bord de soucoupes volantes : ces petits hommes peuvent bien être verts si ça nous chante : personne ne viendra nous prouver le contraire ; mais de toute façon l’essentiel est qu’ils soient des hommes.

Eh bien, nous voilà avec une alternative à ces créatures issues du fond de l’univers. Plus proche de nous, mais quand même étranger à notre espèce voici le Néandertal, jadis considéré comme une brute épaisse, tout juste bonne à nous faire frissonner en songeant que nos ancêtres ont pu le rencontrer au fond d’une caverne. Et puis on nous apprend que nous étions issus d’un métissage avec ces barbares, que nous avions donc quelque chose de commun avec ces sauvages ? 

Faisons comme dans Silex and the city : nous sommes en moins 180000 ans, dans une grotte à Bruniquel (Tarn-et-Garonne). Une tribu de Néandertal est rassemblée autour d’un bassin fait de morceaux de stalactites et rempli d’eau ; ils psalmodient des prières destinées à leurs dieux dont nous ne savons rien sauf qu’ils sont très certainement telluriques. Tout à l’heure quand ils sortiront de là pour rejoindre leurs cabanes, certains prendront le temps d’aller chasser des femelles sapiens auxquelles ils feront des enfants – dont nous sommes les descendants ! 

Avec les découvertes récentes des préhistoriens, nous comblons un désir – sans doute ancestral – de nous trouver des semblables dans le monde étrange de la préhistoire, des alter ego de nature différente de la nôtre et pourtant assez proches pour avoir eu les mêmes activités, les mêmes émotions…

Nous voici maintenant en 1966 ; Serge Reggiani chante l’homme fossile, dans laquelle il imagine qu’un squelette venu du fond des âges est confondu avec celui d’un homme archaïque – alors qu’il vivait dans une banlieue de l’époque, et qu’il faisait son tiercé tous les dimanches. Mais tout cela, c’était il y a 3 millions d’années avant d’être réduit en cendre par la bombe atomique….

1966… C’est vrai qu’à l’époque on tremblait devant le spectre de la guerre atomique, mais surtout on refusait de croire que les hommes d’autrefois étaient aussi civilisés qu’aujourd’hui. A présent nous nous recherchons au contraire des semblables, et nous tremblons d’émotions en imaginant la rencontre avec un homme préhistorique, différent, oui – mais pareil à nous quand même…

Sommes-nous pour autant devenus moins narcissiques ?

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