vendredi 9 avril 2021

Le sofagate – Chronique du 10 avril

Bonjour-bonjour

 

Alors que durant des décennies les femmes ont su que leur présence dans l’entreprise et leur progrès dans l’organigramme passait par leur « gentillesse » à l’égard de leurs supérieurs masculins – situation tellement courante qu’on lui a trouvé un nom : « la promotion canapé » ; voilà maintenant que l’obligation faite à Ursula von der Leyen de s’assoir sur un canapé tandis que les co-participants à la négociation, Charles Michel et  Recep Tayyip Erdoğan prenaient place sur des fauteuils fait scandale.

2 fauteuils : 2 messieurs ; 1 canapé : 1 dame. 

Pas de quoi fouetter un chat ? Mais si ! Car le canapé, comme nous l’avons suggéré ci-dessus est un symbole de l’asservissement des femmes au désir des homme – et pour le moins une reconnaissance de leur supériorité. Nous serions donc bien encore et toujours dans ce bon vieux patriarcat dont on cherche à saper les fondements sans y parvenir ? 

Pas seulement, car si cette attribution des sièges a fait scandale, c’est aussi parce qu’elle fait écho à une vieille tradition française (mais pas que) qui voulait qu’à la cour de Versailles la nature des sièges attribués se fasse selon le rang de chacun. Il y avait trois types de sièges : le tabouret ; la chaise sans bras (ce qu’on appelle encore une « chaise ») ; et la chaise à bras (c’est-à-dire le fauteuil). Les princes du sang avaient droit à ce dernier type de siège, les princes du tout premier rang aux seconds et les nobles de moindre importance s’asseyaient sur le tabouret. Quant aux autres, ils restaient debout, de toute façon être assis en présence du roi, quelque soit le siège sur le quel on était assis était déjà un privilège. Ursula von der Lyen a donc échappé à une situation encore plus humiliante : rester debout.

Les responsables du protocole qui ont eu à organiser cette rencontre avaient donc à trancher une question restée très sensible dans les réunions diplomatiques : définir le rang occupé par chacun au regard de celui des autres. C’est ainsi qu’on dit aujourd’hui que si Charles Michel avait droit au fauteuil et Ursula von der Lyen au lointain canapé, c’est parce qu’il est Président du conseil européen alors que madame Lyen « n’est que » présidente de la Commission européenne, ce qui lui confèrerait un rang inférieur.

Prudemment les turcs ont laissé aux européens la responsabilité de ce cafouillage (dans la hiérarchie européenne, qui domine qui ?) et se sont contentés de jouir de l’humiliation infligée à leur adversaire la plus opiniâtre.

Personne ne sort grandi de cette épreuve.

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