vendredi 2 avril 2021

Parole d’Évangile – Chronique du 3 avril

Bonjour-bonjour

 

« Il n'y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu » (Luc, 12 :2) : avec ce passage de l’Évangile de Luc, la Bible vient à notre aide pour comprendre l’actualité. Qu’il s’agisse d’une actualité mi-people mi-sociétale, comme ces méfaits du commentateur de foot Pierre Ménès dont on nous révèle aujourd’hui jusqu’aux plus petits persiflages à l’encontre de ses collègues féminines ; ou plus généralement de ces agissements humiliants ou cruels dont les plus faibles ou les plus exposés de nos concitoyens sont victimes : dans tous les cas, il est bon et nécessaire que ces agissements couverts par le secret deviennent transparents à tous.

Relisons cette parabole christique : « Sur ces entrefaites, les gens s'étant rassemblés par milliers, au point de se fouler les uns les autres, Jésus se mit à dire à ses disciples : Avant tout, gardez-vous du levain des pharisiens, qui est l'hypocrisie. 2 Il n'y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu. 3 C'est pourquoi tout ce que vous aurez dit dans les ténèbres sera entendu dans la lumière, et ce que vous aurez dit à l'oreille dans les chambres sera prêché sur les toits. » Évangile de Luc, 12 : 1-3

 

Hypocrisie : dès qu’on met ce nom sur l’attitude qui consiste à cacher ses gestes ou ses propos, on voit que les agissements qui recherchent l’ombre du secret doivent s’en trouver affectés. Reprenons notre exemple : si Pierre Ménès avait dû faire en plein jour, au vu et au su de tout le monde, ce qui se révèle aujourd’hui, alors la honte aurait pu le retenir. Car la honte est un sentiment moral au sens où elle guide les actes selon des valeurs collectives. C’est ce que Platon affirme dans le mythe de Prométhée : sans la pudeur qui contraint les hommes à un comportement vertueux lorsqu’ils agissent devant leurs concitoyens, nulle société ne pourrait exister (1). Or, qu’est-ce que cette pudeur sinon la honte éprouvée lorsque nos actes ou nos pensées deviennent transparents ? Non pas que tous nos secrets doivent être répandus sur la place public ou chantés sur les toits comme le dit l’Évangile ; ne devraient être jugés éthiquement douteux que ceux de nos secrets dont nous aurions honte s’ils étaient révélés.

 

On protestera sans doute : ce procédé est insuffisant, car ces hommes vulgaires et grossiers sont insensibles à la honte ; ils ont même dû être fiers de ces agissements qui blessaient leurs semblables. – Bien sûr et c’est pourquoi cette parabole évangélique nous suggère d'aller plus loin : si la honte ne suffit pas, la sanction de l’opinion publique qui condamne ces actes vient châtier les coupables. On voit alors les hommes qui ont commis ces agressions trembler et tenter de se disculper non par honte mais par lâcheté – mais qu’importe ? Ce qui compte c’est que « ce que vous aurez dit à l'oreille dans les chambres sera prêché sur les toits ».

Et pour ça, vous pouvez compter sur les réseaux sociaux ! Pour eux plus de secret, plus de vie privé, plus d’intimité !

Hum… Tout compte fait, je me demande si tout ça c’est bien souhaitable ? Transparence, oui, mais guidée par le discernement moral. Et ça ce n’est pas une denrée courante sur la Toile.

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(1) Platon – Protagoras 320-321c : « Dois-je répartir ainsi la justice et la pudeur parmi les hommes ou les partager entre tous » – «Entre tous répondit Zeus ; que tous y aient part, car les villes ne sauraient exister, si ces vertus étaient comme les arts, le partage exclusif de quelques-uns ; établis en outre en mon nom cette loi que tout homme incapable de pudeur et de justice sera exterminé comme un fléau de la société ». Lire le texte complet ici

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