dimanche 4 avril 2021

Les privilèges sont un droit, levons-nous pour les défendre ! – Chronique du 5 avril

Bonjour-bonjour

 

Chaque époque a ses révoltes, chaque siècle ses séditions. Pourtant certains restent en apparence les mêmes : il s’agit des repas pris en commun.

Exemple ? Nous sommes en 1848, les réunions politiques sont interdites dans un climat hostile au gouvernement conservateur de Guizot, et les opposants organisent « la campagne des banquets » : 70 banquets à travers toute la France pour y diffuser les thèses hostiles d’abord au gouvernement puis au régime. Le dernier de ces banquets fut interdit ce qui déclencha une vague de protestations point de départ de la révolution de 1848. Rien moins !

Et que s’est-il passé ce week-end dans trois restaurants « clandestins » ouverts dans les beaux quartiers parisien ? Selon la chaine LCI « La police judiciaire a ouvert une enquête à la suite d'un reportage diffusé sur M6 mentionnant des dîners parisiens organisés de manière clandestine dans des appartements luxueux à Paris. Des ministres sont accusés d'y avoir participé. »

Alors, bien sûr ici s’arrête la comparaison : aujourd’hui point de complot, point de révolution. Mais la même volonté d’enfreindre la règle et de défier le pouvoir. Simplement nous ne sommes pas en époque révolutionnaire, le régime à remettre en cause n’est plus politique mais gastronomique : les privilégiés ne sauraient se passer longtemps du luxe auquel ils sont habitués aux tables des grands restaurants.

Et puis, une autre différence : alors qu'en 1848 c’était l’opposition qui défiait le pouvoir, ici ce sont les privilégiés qui lui opposent leur droit… au privilège ! Faisant cause commune avec les jeunes, les étudiants, les bobos parisiens, voici les fortunés, les détenteurs du pouvoir qui réclament le droit à continuer à vivre avec les avantages que la vie leur avait accordés.

 

Alors, on célèbre encore aujourd’hui la nuit du 4 aout comme date de l’abolition des privilèges. On voit ce qu’il en est aujourd’hui : chacun défend âprement les privilèges dont il bénéficie. Alors on se serait trompés ? La révolution française aurait réclamé « labolition des privilèges pour quelques-uns et l'extension des privilèges pour tous » ? Si on veut : mais si le privilège des riches c’est de souper à la Tour d’argent, celui des pauvres sera d’avoir du Nutella à étaler sur leur crêpe.

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