Bonjour-bonjour
Une étude récemment publiée dans la revue scientifique PLOS Biology nous apprend que « les humains crient pour exprimer six émotions différentes : la colère, la peur, la douleur, la tristesse, le plaisir et la joie. Certes d’autres espèces expriment la peur ou la souffrance par un cri, mais il semble que seuls les humains crient pour signaler également des émotions positives » (Lu ici)
On apprend également que le cri est universel et que son origine est biologique : nul besoin de traduction pour comprendre les cris de nos semblables, qu’elle que soit leur origine ethnique. Reste que la liste des émotions donnée ci-dessus parait incomplète : où donc situer le cri de Tarzan ?
Certains humoristes ont cru pouvoir en faire un cri de douleur – ou de plaisir ?
« Le premier cri de Tarzan »
Mais pour qui veut être plus objectif, le fameux cri émis par Johnny Weissmuller (qu’on pourra
écouter ici), semble bien être un cri de ralliement, un appel lancé aux animaux de la jungle. Non seulement il ne correspond à aucune des émotions listées plus haut, mais il ne répond même pas au caractère essentiel du cri à savoir qu’il exprime un état sans intention de communiquer (le cri du bricoleur maladroit est une « manière d’être » de la douleur du doigt qui a reçu le coup de marteau). On crie donc tout seul alors que le cri de Tarzan est un appel qui s’adresse aux animaux de la jungle ; le cri ne doit pas être adressé à un locuteur mais simplement exprimer l’état du « destinateur » (1) : on veut bien qu’il soit une manifestation de la force mais non qu’il soit là seulement pour intimider l’adversaire – et encore moins pour rassembler sa tribu.
Par contre il peut se propager à travers l’espace et être entendu par accident, sans qu’il ait été émis pour quiconque.
Pour exprimer le cri, le célèbre tableau de Munch le montre embrasant le ciel qui retentit de son écho. Mais il montre aussi son effet sur l’homme qui reçoit ce signe qui certes ne lui est pas adressé – mais qui signifie quand même.
Signifier sans parler, voilà le propre du cri ce qui apparente sa force à celle des Dieux :
« Le maître dont l'oracle est à Delphes ne dit rien, ne cache rien – mais il fait signe. » Héraclite
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(1) Nous reprenons la terminologie de Jacobson vulgarisée par Laurent Binet dans son roman « La 7ème fonction du langage »
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