Bonjour-bonjour
Les cafés et les cinés sont les deux endroits où bat le cœur de la France. Dit comme ça, c’est un peu … surprenant : n’est-ce pas un peu frivole ? Il est vrai que les églises quant à elles ne sont pas fermées du tout ; et si on ne peut toujours pas enterrer le grand-père avec le défilé du ban et de l’arrière ban, il n’est plus interdit de suivre la cérémonie en effectif réduit.
Il semblerait pourtant que le seul enjeu politique de ce printemps, ce sur quoi on va juger le gouvernement, ce soit sa capacité à rouvrir nos terrasses et nos salles obscures, suivant de près les réouvertures triomphalement annoncées par nos voisins réputés mieux organisés. C’est en effet hier que le porte-parole du gouvernement a déclaré : "c'est autour de la mi-mai que pourront démarrer les réouvertures de certaines terrasses et certains lieux de culture".
- Qu’en penser? Devons-nous être satisfaits de cette mesure, ou bien devons-nous en dénoncer la frivolité ?
Que demande le peuple ? Pour le savoir, tournons-nous vers l’histoire, celle de la lointaine Rome antique. Nous trouvons dans les Satires de Juvénal (livre X) la critique des vœux du peuple, ceux qu’ils adressaient aux dieux et qu’ils inscrivaient pour cela dans les temples. « Ces Romains qui distribuaient naguère les faisceaux, les légions, tous les honneurs enfin, languissent aujourd'hui dans un honteux repos : du pain et les jeux du cirque, voilà l'objet unique de leurs désirs inquiets. » « Panem et circenses » : du pain et des jeux (du cirque) ; Juvénal se détourne, dégouté de la bassesse de ces vœux. Comment ose-t-on tourmenter les Dieux de désirs aussi vulgaires ? Juvénal n’y va pas par quatre chemins : « Croyez-moi, laissons aux dieux le soin de nos vrais intérêts : nous demandons ce qui plaît ; ils donneront ce qu'il faut ».
Telle est la leçon que l’Histoire (avec un grand « H ») nous propose de suivre : au lieu de demander au Gouvernement de satisfaire nos souhaits superflus, demandons-lui plutôt de nous dire quels doivent être nos désirs.
Notre dirigeant Bien-aimé qui n’a pas tremblé en se comparant à Jupiter doit lui aussi répondre à cette supplique – telle que Juvénal l’imagine : « S'il faut cependant que vous adressiez des vœux à Jupiter, que vous offriez des sacrifices sur ses autels, demandez-lui la santé de l'esprit avec celle du corps »
o-o-o
« Mens sana in corpore sano » Oui, s’il y a une revendication que le gouvernement doive satisfaire c’est bien celle-là : « corpore sano ». Quant au « mens sana »… Tout compte fait on devrait plutôt exiger de nos gouvernants qu’ils nous laissent juges de ce qu’il faut faire pour l’avoir.
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