Bonjour-bonjour
Dans une vidéo tournée peu de temps avant sa mort, Frederik de Klerk déclare : « Je m'excuse sans réserve pour la douleur, la souffrance, l'indignité et les dommages que l'apartheid a causés aux Noirs, aux métis et aux Indiens en Afrique du Sud. »
Rappel : prédécesseur de Nelson Mandela à la tête de l'Afrique du Sud, Frederik de Klerk avait fait libérer le leader de l'ANC, légalisé les partis d'opposition et conduit la transition jusqu'aux premières élections multiraciales, qu'il avait perdues, en 1994. Vice-président de Mandela, avec qui il a partagé un prix Nobel de la paix pour la sortie de l'apartheid, il avait pris sa retraite politique début 1997. Toutefois de nombreux sud-africains lui reprochaient son absence de repentance, dans les années 1990 et suivante. On lui avait ainsi reproché de minimiser, minimiser les crimes du régime d'apartheid.
La repentance qu’on lui reproche de ne pas avoir manifestée vient tout droit de la pensée religieuse : « Repentance – Regret douloureux que l'on a de ses péchés, de ses fautes et désir de se racheter » précise le CNRTL. On trouvera encore plus explicites ces citations bibliques.
On s’arrête ici, car la repentance est réclamée également à cor et à cri à la France pour son passé colonial en général et pour la guerre d’Algérie en particulier. Or en lisant ces extraits de la Bible (ci-dessus), on constate que pour se repentir il faut être deux : le fautif et sa victime, c’est à dire ici le Seigneur-Dieu dont le pécheur a bafoué l’autorité et refusé le respect qui lui était dû.
C’est là que les pays qui fustigent la France pour son refus de solliciter son pardon devient plus qu’ambigüe : car demander à la France qu’elle se soumette à la procédure de la repentance, c’est en même temps se permettre de se substituer au Seigneur, se conférer ainsi une autorité et un pouvoir, celui d’accorder ou de refuser ce pardon - à moins qu’il ne soit soumis au versement de dédommagements.
Plus généralement le pardon exigé des États pour quelque faute que ce soit est toujours assorti d’une attitude de soumission à l’égard de la victime. Contrepartie du dommage infligé ? Ou abus de position devenue dominante ?
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