mardi 23 novembre 2021

Une histoire de femmes ... mais pas que – Chronique du 24 novembre

Bonjour-bonjour

 

Un documentaire sur l’avortement clandestin en 1960 sort ces jours-ci en salle. Ce n’est pas n’importe quel documentaire : ce film est signé Audrey Diwan et a valu à sa réalisatrice le prestigieux Lion d’or lors de la dernière Mostra de Venise

Titré « L’évènement » il est inspiré d’un roman autobiographique d’Annie Ernaut, il aborde la problématique de la liberté des femmes à disposer de leur corps : il reste ainsi dans le champ des questions de société majeures depuis ... la nuit des temps. 

« Quand on me renvoie que j’ai fait un film de femmes sur un sujet de femmes, j’ai envie de hurler. Il est hors de question que j’acte l’idée que l’avortement est une histoire de femmes. On ne fait pas d’enfant seule, on ne tombe pas enceinte seule. Comme ce n’est pas le cas, je ne suis pas responsable seule du chemin, de cette décision. C’est un sujet qui n’est pas circonscrit à la condition féminine. » déclare Audrey Diwan. Il y a en effet assez peu de situations comme celle-ci, mettant en jeu la société entière, femmes comme hommes, dont pourtant la libre évocation est à ce point freinée.

 

C’est là qu’on rencontre le point central : alors que l’avortement est aussi vieux que l’humanité, certaines société « premières » donnant aux mères le droit de détruire leur fœtus, d’autres comme les nôtres l’empêchent à toute force, jetant dessus un voile opaque et proscrivant même le mot au profit d’un sigle anonyme « I.V.G. ».

C’est que l’avortement, ça ne passe pas : au point que régulièrement la question de la révocation des lois l’autorisant revient dans l’actualité avec même des interdictions comme en Pologne ou au Texas.

Comment expliquer l’impossibilité pour les sociétés d’admettre la liberté d’anéantir une descendance ? Comprenne qui pourra, souvent avec beaucoup plus de croyances que de démonstrations argumentées. Ainsi ceux (dont j'avoue faire partie) qui évoquent le néo-darwinisme pour le quel une force universelle pousse chaque organisme vivant à diffuser ses gènes par la reproduction. Les ruses des végétaux pour répandre partout leurs semences, la force inouïe des cerfs pour attirer les biches en bramant, le courage extraordinaire des ourses pour protéger leurs oursons (comme on l’a vu dans les Pyrénées), tous ces exemples et beaucoup d’autres tendent à montrer que laisser une descendance après soi est le but principal de la vie. (1)

Voilà pourquoi Audrey Diwan a selon moi tort de se plaindre de l’hypocrite indifférence des hommes. Car pour chaque homme la préservation de ses gènes passe par une femme. L’avortement consistant a détruire avec le fœtus ces gènes paternels, celui-ci doit logiquement s’y opposer. Se montrer indifférent est donc une relative avancée dans la voie de la liberté féminine

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(1) Rappelons Platon qui, dans un passage du Banquet, attribue à la prêtresse Diotime l’affirmation que la reproduction est la seule immortalité dont disposent les mortels. (201d-212b)

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