Bonjour-bonjour
C’est l’histoire de la séparation d'un couple racontée par France-Culture ; comme vous pouvez en lire ici le compte-rendu, alors je vais la faire courte : ça raconte l’histoire d’un couple qui divorce alors qu’il a semble-t-il tout pour être heureux. C’est du moins ce que raconte Florent, le mari : « Nous avions la maison, nous avions la santé financière, nous avions notre fils merveilleux, notre groupe d'amis, donc j'étais incapable de comprendre pourquoi Jennifer pouvait avoir des moments de tristesse »
Seulement l’histoire que raconte Jennifer, l’épouse et maman, n’est pas tout à fait la même : « Pendant trois ou quatre ans, je ne me suis jamais retrouvée sans mon fils, toute seule, juste pour prendre soin de moi. »
Et ce n’est pas tout : à cela s’ajoute le décalage du ressenti de la vie du couple, tel que vécu par le mari et la femme : « Il ne se rendait pas compte de ses privilèges et surtout du poids qui pouvait peser sur mes épaules. » déclare Jennifer.
Alors, bien sûr, Florent, sorti de sa bonne conscience, a déclaré après coup : « Je me suis rendu compte que la /vraie/ réussite, c'est des valeurs fondamentales d'amour, de protection, de confiance, de sécurité. » Autant dire que ça ne l'effleurait
Voilà l’histoire qui met à jour une situation de crise redoutable : celle où les privilégiés sont inconscients de leurs privilèges. On a l’habitude de figurer cette inconscience par la répartie de Marie-Antoinette qui s’étonne que le peuple pleure le manque de pain « S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ! » (1). Hé bien les gentils maris d’aujourd’hui font de même : « Elle a la sécurité financière, un adorable enfant et un groupe d’amis : de quoi se plaint-elle ? » s’étonne Florent.
Deux remarques :
- D’abord les hommes à supposer qu’ils soient comme Florent, vivent sur des stéréotypes : « Tu es un mari tu as donc des devoirs envers ta femme. Si tu les remplis convenablement, tu n’as rien à te reprocher » Comme si un couple n’était pas d’abord fait de la volonté de vivre à deux et non à un plus un.
- En suite la femme « épouse et mère » refuse de vivre enfermée dans cette double assignation. Il lui faut « des moments à elle », sans la charge mentale bien connue qui inflige un supplice aux femmes.
Mais ce n’est pas tout : à ce refus de se couler dans le moule, s’ajoute la révolte de voir que son mari est très heureux tandis qu’elle souffre. Et c’est cela le piège dans la quel tombent bien des hommes qui, non seulement ne se rendent pas compte que leur bonheur repose sur le sacrifice de leur femme, mais qui, de plus, ignorent que leur bonheur n’est pas celui que leurs femmes revendiquent…
… Oui, au fait, parlons-en : qu’est-ce qu’elles veulent donc, les femmes ?
--> Ce que veulent les femmes, c’est de pouvoir choisir leur vie et non de subir celle qui leur est assignée.
Parce que, ce n’est pas parce que le mot « Bonheur » est écrit dessus qu’elles en sont contentes...
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(1) On trouve cette répartie attribuée à une Princesse par Rousseau dans ses Confessions en 1765, alors que Marie-Antoinette n’arrive en France qu’en 1770. On n’a pas attendu les réseaux sociaux pour diffuser la haine et les fakenews.
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