Bonjour-bonjour
Les objets que la tradition du luxe avait privilégiés perdent du terrain : plus de briquets en or, plus de fume-cigarette en argent, et maintenant plus de stylo Mont-Blanc avec le quel jouer rêveusement tout en parlant. Rien que du Bic-cristal qui ne sert souvent qu'à pointer un interlocuteur au cours d’une discussion.
Mais aujourd’hui ça ne s’arrête pas là : « La Semaine de l’écriture, débute ce lundi dans toute la France « Avec les outils numériques, on utilise de moins en moins les stylos et le papier. Au point, un jour, de ne plus savoir s’en servir ? », peut-on lire ici.
On dira peut-être : le stylo bille a tué la plume sergent major ; le clavier tue l’écriture cursive : le progrès c’est du plus ici et du moins là. Où est le problème ? Plus de pleins et de déliés : la belle affaire ; maintenant plus d’écriture papier : normal.
Toutefois, observons quand même qu’on a très longtemps cru que la personnalité s’exprimait par l’écriture manuscrite, au point que pour les embauches les lettres de motivations, obligatoirement manuscrites, étaient soumises à des graphologues supposés déterminer les replis les plus secrets de l’âme du candidat à partir de la manière dont il traçait les hampes de ses "l" ou les jambages de ses "p". Je doute fort que tout cela existe encore : qui donc à la souci de l’écriture manuscrite, à l’époque où, même pour la prise de notes, n’importe quel smartphone remplace les bloc-sténo ?
Mais alors : où donc notre nature intime va-t-elle trouver à s’exprimer ? Dans la façon de piocher un clavier ? Non, bien sûr, mais plutôt dans la façon de tenir son smartphone tout en marchant ou en montant un escalier. Car voilà le fait évident : désormais plus personne ne sortirait sans son smartphone à la main – les uns le tiennent comme une arme dont la possession serait indispensable pour travers la foule ; d’autres comme un doudou dont la présence rassure ; en tout cas, ce qui est sûr, c’est que personne ne songerait à le ranger dans son sac ou dans sa poche. Ça veut sûrement dire quelque chose concernant notre moi-profond.
… Quid alors de la disparition de l’écriture manuscrite ? La passerons-nous de profit à perte, une habilité qu’on a perdue, comme celle de tailler des silex ou de faire du feu en frottant entre eux des morceaux de bois ?
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