Bonjour-bonjour
Les historiens l’observent parfois : il arrive que l’actualité reproduise de façon troublante des évènements du passé, au point qu’on se demande s’il ne s’agirait pas d’une constante des sociétés humaines qui échapperait au devenir historique. Ainsi des émeutes de la famine qu’on pourrait comparer aux troubles occasionnés aujourd’hui par l’augmentation du prix de l’énergie (gaz-électricité-carburants).
L’exemple le plus évident est celui de ces émeutes qui secouèrent la France en 1775 connues sous le nom de la guerre des farines
« La guerre des farines désigne une vague d'émeutes survenues d'avril à mai 1775 dans les parties nord, est et ouest du royaume de France. Elle fait suite à une hausse des prix des céréales et consécutivement du pain, supposément du fait de la suppression de la police /des prix/ des grains royale, et des mauvaises récoltes des étés 1773 et 1774. » (Lire la suite ici)
Les points de ressemblance entre les émeutes de 1775 et les troubles en cours actuellement sont nombreux :
* Bien qu’aujourd’hui il ne s’agisse plus de nourriture mais de source d’énergie, on voit bien que ce sont les conditions de l’existence même des gens qui sont en cause. A la question « Comment vivre sans manger ? » succède « Comment vivre sans pouvoir aller travailler, sans se chauffer en hiver, sans cuisiner son repas ? ». Le gaz a remplacé le froment, mais l’émotion est la même
* Et les moyens de la lutte sont également semblables. En 1775 le peuple attaque les spéculateurs pour les contraindre à vendre la farine à un « juste prix » quitte à les piller le cas échéant (cf. l’image ci-dessus et l’art. cité).
- Faut-il rappeler la revendication la taxation des superprofits de TotalEnergie ?
* La sortie de crise est certes encore indécise aujourd’hui. En 1775 après la répression (1) le Roi fit établir et respecter un encadrement des prix qui ramenèrent le calme.
* Enfin en 1775 comme aujourd'hui les émeutiers interpellent l'autorité publique, et lui demandent de rétablir le prix juste. En l'absence de réponse, se met en place une pratique de règles d'un ordre intérieur : le pouvoir de régulation.
--> La comparaison entre ces évènements est troublante, d'autant qu'elle inviterait à lire notre avenir à l'aune de la révolution qui suivit ces faits de quelques années .
Peut-être est-ce aller trop loin ? En tous cas, la guerre des farines a laissé des traces : non seulement elle a révélé la faiblesse d'un régime que la révolution allait emporter, mais surtout elle montra les ravages que le libéralisme économique provoquait déjà à sa naissance.
Et c’est sans doute cela qui ne passe pas dans l’histoire contemporaine.
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(1) On ne pendit pourtant que deux émeutiers.
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