Bonjour-bonjour
La découverte simultanée des corps de Gene Hackman et de son épouse Betsi Arakawa a posé la question de leur coïncidence : ce décès de couple relèverait-il du « Syndrome du cœur brisé » comme on a appelé la pathologie présente dans des cas de décès d’un conjoint bien-aimé ?
« Avoir le cœur brisé » ne serait en effet pas qu’une banale expression faisant référence à la souffrance ressentie après une trahison, une séparation ou la perte d’un être cher. Cette maladie s’apparente au premier abord à une crise cardiaque et bien que la littérature et la chanson qui regorgent d’exemples de cas de la « maladie d’amour » (écouter ici Michel Sardou) en aient fait une interprétation beaucoup plus romantique et fantaisiste - la maladie d’amour ne serait pas un mythe et dans certains cas elle pourrait même entraîner la mort. En réalité, les médecins qui l’ont étudiée au Japon parlent plutôt d’une cardiomyopathie de stress ou d’un syndrome de Takotsubo (piège à poulpe, en japonais). (Lire ici)
Mais avant même d’impulser une pareille déformation cardiaque, le syndrome du veuf est une expression qui a été employée pour décrire les bouleversements physiques et psychologiques qui peuvent survenir lorsque l’on perd son ou sa « partenaire de vie ». Autrement dit, le choc créé par la perte de la personne aimée se comprend à partir d’un processus général appelé le deuil.
Oubliant un instant l’analyse freudienne du « travail de deuil », restons au niveau de l’étude scientifique communément admise : les personnes endeuillées passent généralement par plusieurs phases :
1) Le choc et le déni. À l’annonce du décès, le conjoint survivant entre généralement dans une phase de choc émotionnel, marquée par une sensation d’irréalité ou un refus d’accepter la perte. Le déni est une réaction protectrice face à l’intensité de la douleur.
2) La colère. Une fois la perte reconnue, un sentiment de colère peut émerger et être dirigé contre le défunt qui nous a quitté, contre soi-même (sentiment d'impuissance) ou contre la vie en général (sentiment d'injustice).
3) Le marchandage. « Il s’agit d’une phase d’illusion pendant laquelle on peut se convaincre qu’un retour en arrière est encore possible. Certaines personnes se tournent vers la religion, dans l’espoir de pouvoir négocier un retour de l’être aimé. Pour d’autres, cette phase prend la forme d’un dialogue intérieur où l’on tente de rejouer la fin du scénario avec les fameux "et si…" ».
4) La dépression. Lorsque la perte est pleinement acceptée, une phase de dépression ou de tristesse intense peut s’installer. Elle est marquée par une grande douleur émotionnelle, une perte d’intérêt pour les activités habituelles, un isolement social, et des symptômes physiques comme la fatigue ou l'insomnie.
5) L'acceptation. Cette phase n’est pas forcément synonyme d’oubli. Elle consiste plutôt à apprendre à vivre avec la perte. La personne commence à retrouver un équilibre émotionnel, à réorganiser sa vie sans son ou sa conjoint(e), et à envisager de nouveaux projets.
6) La reconstruction. Avec le temps, la personne veuve commence à reconstruire sa vie, à ajuster ses routines quotidiennes, et à trouver de nouvelles sources de sens ou d’accomplissement. « Cette phase de réadaptation et réinvention personnelle permet même à certaines personnes d'envisager une nouvelle relation affective », souligne la psychologue. (Lu ici)
On l’a compris, vouloir faire du décès de Gene Hackman et de son épouse un cas de deuil pathologique est surtout une occasion de nous informer de l’évolution de ce deuil lorsqu’il prend une tournure intense. On peut mourir d’amour, sans que ce soit un « miracle » du sentiment amoureux.
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