Le travail de
l’historien est d’abord une mise en ordre des causalités. Pour en donner un
exemple qui va nous occuper dans un proche avenir, songeons à la Nouvelle-Calédonie
et au référendum d’indépendance qui doit avoir lieu au printemps.
Mais, comme
nous sommes (provisoirement) historiens, rappelons-nous un passé encore proche
puisque remontant à 1988. Pour nous aider nous pourrons recourir à cette vidéo
destinée à éclairer des ignorants comme nous.
Du massacre
de la grotte d’Ouvéa (1) aux accords de Matignon, de l’assassinat de J-M
Tjibaou (leader indépendantiste) aux nouveaux accords de Nouméa (1998) – puis
au référendum prochain, il semble que le fil conducteur soit très clair :
il s’agit d’autonomie politique et la question qui sera posée (le 4 novembre)
aux électeurs le dit :
« Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à
la pleine souveraineté et devienne indépendante ? »
Voilà
toutefois que notre historien refuse de refermer le chapitre. Car en bon scientifique,
il va éplucher les résultats des sondages qui au fil des mois confirment une
tendance bien nette : une majorité de la jeunesse de Nouvelle-Calédonie – y
compris les canaques – est favorable au maintien du pays dans la République
française. Curieux n’est-ce pas ? Et contre-intuitif, car on penserait que
la jeunesse dynamique et entreprenante souhaiterait un maximum de liberté pour
faire des affaires en toute indépendance – par exemple avec l’Océanie, puisque ce
territoire est quand même plus proche de l’Australie que de Paris.
Seulement un
scientifique aime bien faire des recoupements pour vérifier ses hypothèses. Et
voilà qu’il constate que le progrès des intentions de vote favorable au statu
quo suit d’assez près le cours du nickel dont l’archipel tire l’essentiel de
ses ressources. Faute d’un cours suffisant la Nouvelle-Calédonie reste
dépendante des subsides venus de France.
Alors,
voilà : on s’est étripé pour des principes, on a juré qu’il valait mieux
être mort que vivre sans liberté ; on a dit que la culture et la
civilisation canaque étaient le support de la vie des habitants qui ne
sauraient s’en passer.
Et puis tout
cela s’achève dans un bruit de tiroir caisse.
-------------------------------------------------
(1) Qui se
solde par la mort de 18 canaques et de deux gendarmes (ce qui permit à J-M Le
Pen de déplorer la mort de deux hommes, laissant entendre qu’un canaque qu’il
soit vivant ou mort ne mérite pas une telle appellation )
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire