« Il ne
faut pas sous-estimer l'impact sur les esprits, que ce soit en France ou bien à
l'étranger, avec parfois des scènes de
guerres que beaucoup de médias ont relayées à nouveau » (Propos du Président)
« Face à
cette crise filandreuse dont les
contours peinent à se dessiner, l'exécutif semble toujours à la peine ».
(F-X Boumaud, journaliste)
« Les
“gilets jaunes” expriment aussi des sentiments
d'abandon et de déclassement. » (Id.)
« Il y a
de quoi alimenter l'impression d'un pouvoir
désemparé et en pleine improvisation face à une colère insaisissable. » (Id. - Lu ici)
o-o-o
Le Président
fustige la presse, coupable selon lui d’alimenter les obsessions morbides des
citoyens en leur montrant un pays livré à des actes de guerre. Il vise ainsi
les chaines de télé 24h/24 qui – selon lui – recherchent le sensationnel, le
quel est caractérisé par le fait qu’on puisse le repasser en boucle sans jamais
qu’il perde sont pourvoir d’émotion.
Sauf que ce
sont peut-être les mots du Président qui insinuent le fantasme de guerre, tant
le pouvoir des mots l’emporte sur celui de l’image. Certes, celles-ci frappent
d’un coup et leur force est d’autant plus grande. Mais elles peuvent apporter
un sens qui n’était pas là d’emblée, dévoiler un aspect de la réalité qui était
sous-jacent – quand elles ne le créent pas tout simplement.
Vérifions sur
un seul exemple. Les éditorialistes à l’œuvre sur ces mêmes chaines décrivent
une crise filandreuse dont personne
ne pourrait donner une description exacte, parce que les contours de la
situation ne se dessinent qu’à peine.
Donc double contrainte : d’une part le difficulté à entrer dans la scène
tant elle s’est indurée ; d’autre part, et paradoxalement, des contours
flous, comme si malgré la raideur de la texture ceux-ci étaient fluctuants.
Cherchez des images des barrages des gilets jaunes, écoutez leurs interviews,
et dites-moi si c’est ça que vous voyez ; en même temps et après avoir lu
ce qui précède, alors, oui – voilà, c’est maintenant ça que vous voyez.
C’est donc ça
le pouvoir des mots : comment un fin lettré comme l’est notre président
pourrait-il le condamner ?
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