mercredi 28 novembre 2018

LES MOTS DE LA CRISE.

« Il ne faut pas sous-estimer l'impact sur les esprits, que ce soit en France ou bien à l'étranger, avec parfois des scènes de guerres que beaucoup de médias ont relayées à nouveau » (Propos du Président)

« Face à cette crise filandreuse dont les contours peinent à se dessiner, l'exécutif semble toujours à la peine ». (F-X Boumaud, journaliste)

« Les “gilets jaunes” expriment aussi des sentiments d'abandon et de déclassement. » (Id.)

« Il y a de quoi alimenter l'impression d'un pouvoir désemparé et en pleine improvisation face à une colère insaisissable. » (Id. - Lu ici)
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Le Président fustige la presse, coupable selon lui d’alimenter les obsessions morbides des citoyens en leur montrant un pays livré à des actes de guerre. Il vise ainsi les chaines de télé 24h/24 qui – selon lui – recherchent le sensationnel, le quel est caractérisé par le fait qu’on puisse le repasser en boucle sans jamais qu’il perde sont pourvoir d’émotion.
Sauf que ce sont peut-être les mots du Président qui insinuent le fantasme de guerre, tant le pouvoir des mots l’emporte sur celui de l’image. Certes, celles-ci frappent d’un coup et leur force est d’autant plus grande. Mais elles peuvent apporter un sens qui n’était pas là d’emblée, dévoiler un aspect de la réalité qui était sous-jacent – quand elles ne le créent pas tout simplement.
Vérifions sur un seul exemple. Les éditorialistes à l’œuvre sur ces mêmes chaines décrivent une crise filandreuse dont personne ne pourrait donner une description exacte, parce que les contours de la situation ne se dessinent qu’à peine. Donc double contrainte : d’une part le difficulté à entrer dans la scène tant elle s’est indurée ; d’autre part, et paradoxalement, des contours flous, comme si malgré la raideur de la texture ceux-ci étaient fluctuants. Cherchez des images des barrages des gilets jaunes, écoutez leurs interviews, et dites-moi si c’est ça que vous voyez ; en même temps et après avoir lu ce qui précède, alors, oui – voilà, c’est maintenant ça que vous voyez.

C’est donc ça le pouvoir des mots : comment un fin lettré comme l’est notre président pourrait-il le condamner ?

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