TÊTU
(1) a vu en avant-première la saison 3 de « Dix Pour Cent », diffusée sur
France 2 à partir du 14 novembre
Pendant
la deuxième saison, la scène de sexe entre Andréa, agent de star lesbienne, et
son patron Hicham avait déçu beaucoup de fans : encore un personnage lesbien
qui couche avec un homme (La suite ici)
Quand on veut comprendre les autres, le mieux c’est de se
mettre à leur place, par exemple pratiquer ce que les cinéastes appellent le
contre-champ.
- Ainsi de cette scène de sexe entre deux personnages de la
série 2 de « 10 pour cent » dont l’une est lesbienne et l’autre son
patron. Que se dit le spectateur lambda (=
hétéro) ? « Chic ! Une scène ce cul – c’est pas trop
tôt » Mais que se dit le spectateur.trice lecteur de TÊTU ? « Encore un personnage lesbien qui couche avec
un homme »
Déception : quand bien même le.la spectateur.trice en
question ne serait pas frustré au point de se désoler de ne pas avoir les
images qu’il.elle attend, il y a ce militantisme qui fait du choix de sexualité
un engagement fondamental dont on ne peut se dédire sans se dénaturer.
- Bizarre ? Alors là encore, pratiquons le
contre-champ. Moi qui vous parle, je ne me suis jamais demandé si ma sexualité
faisait ou non partie de ma nature, parce que tout simplement je ne pouvais
jamais m’en dissocier au point de la concevoir comme un objet sur le quel
s’interroger. Mais je comprends que cette myopie ne soit pas possible pour un.e
LGBT : la société a vite fait de le lui mettre sous le nez, cet objet répugnant que
constitue sa sexualité : C’est à toi, « Ça » ? Et donc
trouver en TÊTU un espace où dire ce qu’il en est, est bien
– mais c’est aussi le
symptôme d’un mal. Car si un hétéro ne s’interroge pas sur l’objet de sa
libido, et qu’en même temps l’homo le fait, c’est aussi que pour le premier la
sexualité n’est pas déterminante dans sa vie quotidienne (mange-t-il son
œuf mollet comme « un mec
qui en a entre les cuisses ? »), en revanche pour l’autre versant de
l’humanité c’est le cas.
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(1) Têtu est un magazine mensuel gay français créé en 1995
par Didier Lestrade et Pascal Loubet avec le soutien financier de Pierre Bergé.
Après vingt ans d'existence et 212 numéros, Têtu cesse de paraître en juillet
2015. Le magazine est repris par la start-up française iDyls fin 2015, puis
liquidé une deuxième fois en février 2018. Il a été relancé depuis.
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