mardi 4 décembre 2018

EDOUARD PHILIPPE : « AUCUNE TAXE NE MÉRITE DE METTRE EN DANGER L'UNITÉ DE LA NATION »

Dans le brouhaha (1) des informations diffusées en temps réel et rediffusées ad nauseam, il est peu d’occasions de trouver un lieu solide sur le quel se poser. Voilà pourtant une opportunité offerte par le Premier ministre : « Aucune taxe ne mérite de mettre en danger l'unité de la Nation ». On comprend qu’il s’agit de blâmer les Gilets jaunes qui mettent le pays à feu et à sang risquant de déchirer le tissus social ; mais que ce principe s’adresse tout autant à lui-même, justifiant à l’avance des reculades jusqu’ici évitées. On suppose aussi que c’est là une formule banale du genre : « On ne va pas se fâcher pour si peu ! » Mais est-ce suffisant ?
            - D’abord, que se passe-t-il quand l’unité de la Nation est menacée ? Sachant que le terme « nation » désigne originellement le peuple (voir ici la définition) uni par des valeurs communes, on comprend que cette rupture signifie que la société entre en lutte contre elle-même sur la base de valeurs contradictoires ;
            - Ensuite, par quoi cette unité peut-elle être menacée ? Par une différence de religion, comme en Irlande où protestants et catholiques se battent depuis des siècles ; ou par un attachement à des origines supposées différentes comme à Chypre.
Mais il semble bien en effet qu’une taxe ne puisse porter atteinte à cette unité lorsqu’elle existe. Non certes et surtout pas dans le cas de la transition énergétique comme on le voit en ce moment.
Quoique… Cette taxe-diesel sans fracturer la Nation met quand même en évidence une faille profonde quoiqu’inapparente habituellement : il s’agit de la différence de vie selon qu’on est un urbain ou un habitant des « territoires ». Qu’on soit un parisien qui n’a peut-être pas de voiture ou un habitant de la Creuse qui doit faire 40 kilomètres pour rejoindre son lieu de travail – et moitié autant pour trouver un médecin, voire un pharmacien, ça crée des différences qui remontent en ce moment au grand jour sur les ronds-points
----------------------------
(1) Je ne résiste pas au plaisir de vous donner l’étymologie du mot « brouhaha », puisée dans le dictionnaire en ligne CNTRL.
Brouhaha : Locution interjective attribuée au diable, destinée à inspirer la terreur (Farce du Savetier (1548) : Audin : Je prie à Dieu que le grant dyable Te puisse emporter. Le curé, habillé en diable : Brou, brou, brou, ha, ha, Brou, ha, ha. Audin : Jésus, Notre-Dame! Le Grant dyable emporte ma femme !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire