Dans le
brouhaha (1) des informations diffusées en temps réel et rediffusées ad nauseam, il est peu d’occasions de
trouver un lieu solide sur le quel se poser. Voilà pourtant une opportunité
offerte par le Premier ministre : « Aucune taxe ne mérite de mettre en danger l'unité de la Nation ».
On comprend qu’il s’agit de blâmer les Gilets jaunes qui mettent le pays à feu
et à sang risquant de déchirer le tissus social ; mais que ce principe
s’adresse tout autant à lui-même, justifiant à l’avance des reculades jusqu’ici
évitées. On suppose aussi que c’est là une formule banale du genre :
« On ne va pas se fâcher pour si
peu ! » Mais est-ce suffisant ?
- D’abord, que se passe-t-il quand
l’unité de la Nation est menacée ? Sachant que le terme
« nation » désigne originellement le peuple (voir ici la définition)
uni par des valeurs communes, on comprend que cette rupture signifie que la
société entre en lutte contre elle-même sur la base de valeurs contradictoires ;
- Ensuite, par quoi cette unité
peut-elle être menacée ? Par une différence de religion, comme en Irlande
où protestants et catholiques se battent depuis des siècles ; ou par un
attachement à des origines supposées différentes comme à Chypre.
Mais il
semble bien en effet qu’une taxe ne puisse porter atteinte à cette unité
lorsqu’elle existe. Non certes et surtout pas dans le cas de la transition
énergétique comme on le voit en ce moment.
Quoique… Cette
taxe-diesel sans fracturer la Nation met quand même en évidence une faille
profonde quoiqu’inapparente habituellement : il s’agit de la différence de
vie selon qu’on est un urbain ou un habitant des « territoires ». Qu’on
soit un parisien qui n’a peut-être pas de voiture ou un habitant de la Creuse
qui doit faire 40 kilomètres pour rejoindre son lieu de travail – et moitié autant
pour trouver un médecin, voire un pharmacien, ça crée des différences qui
remontent en ce moment au grand jour sur les ronds-points
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(1) Je ne
résiste pas au plaisir de vous donner l’étymologie du mot
« brouhaha », puisée dans le dictionnaire en ligne CNTRL.
Brouhaha : Locution interjective attribuée au diable, destinée à inspirer la terreur (Farce du Savetier (1548) : Audin : Je prie à Dieu que le grant dyable Te puisse emporter. Le curé, habillé en diable : Brou, brou, brou, ha, ha, Brou, ha, ha. Audin : Jésus, Notre-Dame! Le Grant dyable emporte ma femme !
Brouhaha : Locution interjective attribuée au diable, destinée à inspirer la terreur (Farce du Savetier (1548) : Audin : Je prie à Dieu que le grant dyable Te puisse emporter. Le curé, habillé en diable : Brou, brou, brou, ha, ha, Brou, ha, ha. Audin : Jésus, Notre-Dame! Le Grant dyable emporte ma femme !
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