Se décrivant
comme un "jeune Dieu" et disant se sentir "affuté", Emile
Ratelband souhaitait que sa date de naissance soit modifiée dans son passeport,
passant du 11 mars 1949 au 11 mars 1969. Ce que le tribunal a refusé en ces
termes :
« Emile
Ratelband est libre de se sentir 20 ans plus jeune que son âge réel et d'agir
en conséquence. Mais modifier sa date de naissance ferait disparaître 20 ans de
dossiers des registres de l'état civil… Cela entraînerait toutes sortes de
conséquences juridiques et sociales indésirables » (Lu ici)
Les juristes
ont un sens de l’argumentation que les philosophes leur envie bien souvent. Car
imaginez un philosophe justement obligé de statuer sur cette demande et voulant
la rejeter. Il dirait peut-être : « Nul ne peut changer ce que la
réalité produit. Vous êtes né tel jour à telle date, en tel lieu : c’est
une vérité qui restera à tout jamais quand bien même on raturerait le registre
des naissances. » Ce n’est pas faux, mais mettre ainsi en avant le réel
risque d’embrouiller les esprits peu habitués à philosopher avec les niveaux de
l’être. Par contre le juriste se borne à constater : « Mais modifier
sa date de naissance ferait disparaître 20 ans de dossiers des registres de
l'état civil… Cela entraînerait toutes sortes de conséquences juridiques et
sociales indésirables » Oui, supposez que pendant ces années l’individu
ait commis toutes sortes de crimes, le voilà blanchi, puisqu’il n’existait pas
en ce temps !
On dira
peut-être que les juristes tout comme les philosophes jouent avec le réel,
qu’ils font appel à son existence irréversible. Certes, mais ils le font tout
en restant à l’intérieur de leur domaine : ce n’est pas en tenant compte
des relation de voisinage ou bien des rencontres sociales que le déplacement de
la date de naissance est impossible ; c’est en raison de son effet sur
l’état civil.
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