Lors de l’annonce de
la mort de Chérif Chekkat à Strasbourg jeudi 13 décembre, la célèbre chanson de
Bob Marley, « I shot the sheriff » (1), a été entendue à l’antenne de BFMTV,
provoquant le malaise et l’incompréhension des téléspectateurs. La chaîne
d’info a présenté ses excuses ce vendredi 14 décembre. (Lu ici)
Encore une
marque de pruderie et de vertu de notre époque vertueuse et prude jusqu’au
ridicule ? Pas sûr.
Car que dit
la chanson ? « I shot the sheriff, but I swear it was in
self-defense » (J’ai tué le shérif, mais je le jure : c’était de
l’autodéfense) : il s’agit de montrer qu’on peut avoir des raisons très
légitimes de tuer le sheriff, mais, même si l’argument n’est pas très
convaincant, ce n’est pas cela qui porte le motif des excuses. Certains
internautes se sont dits choqués sans pouvoir expliquer pourquoi. D’autres,
plus explicites ont pointé le mauvais goût de saluer par une forme de dérision la
mort d’un homme.
Voilà donc
quelque chose qu’on n’a guère entendu depuis que Chérif Chekkat est mort :
le respect est dû à ce mort comme à n’importe quel autre, et même si on se
réjouit qu’il ne puisse plus nuire à quiconque, la mort d’un homme est toujours
tragique parce qu’elle entre en résonnance avec notre propre future mort.
"Ne demande
pas pour qui sonne le glas / Il sonne pour toi" dit le poème de John Donne (2)
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