On lira ici
l’article concerné, montrant qu’aucun Etat n’a de statistiques pareillement en
baisse, à part l’Island.
Ce qui fait
réagir, c’est le titre utilisé pour situer l’enquête : il s’agit de
mesurer l’espérance de vie d’un
enfant à sa naissance. Oui, qui donc pourrait parler sans rire de l’espérance
de vie, lorsqu’on affirme dans le même temps qu’elle est diminuée par l’usage de drogues et par le suicide ?
Nous sommes
devenus tellement puissants par rapport aux aléas de la nature que nous
parvenons à nous doter d’une médecine qui nous maintient en bonne santé au-delà
de tout ce qu’on connaissait autrefois. Tout va donc bien ? Par tout à
fait car notre science ne nous a pas donné les moyens de vivre heureux ce
surplus de vie. On a fait comme s’il était évident que vivre plus longtemps
était désirable en soi – Hé bien non : vivre c’est vivre en jouissant
plus et mieux. La recherche du plaisir ne connait pas de limites, sauf les
frontières actuelles de la jouissance que nous ne pouvons pas découvrir sans
vouloir les dépasser : les overdoses sont justement les effets de cette
tendance.
Mais il y a
plus encore : vivre plus longtemps est désirable à condition de ne pas en
souffrir. On sait que selon Dante, la porte de l’enfer est surmontée de
l’inscription : « Toi qui entre
ici, abandonne tout espoir » : parce que l’âme du damné ne peut
supprimer ni les tourments de l’enfer, ni elle-même qui les subis. Vivre plus
longtemps à quoi bon si c’est pour subir les misères de l’existence ?
Si ce
raisonnement est exact, alors on n’a pas fini de voir reculer dans les
statistiques la durée de l’espérance de vie. Rappelez-vous que le pessimisme
antique prenait comme formule celle-ci :
« Quel
malheur pour toi que d’être né ! »
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