mardi 4 décembre 2018

NOUS NE SOUHAITONS PAS ÊTRE DES MARIONNETTES D’HOMMES POLITIQUES QUI VONT NOUS FAIRE ENCORE DE LA PÉDAGOGIE

Les représentants du collectif « gilets jaunes libres », qui ont appelé dimanche à une « sortie de crise », n’iront pas discuter à Matignon mardi. « Nous n’irons pas pour trois raisons, a expliqué au Monde Benjamin Cauchy, l’un des signataires de la tribune appelant à renouer le dialogue avec le gouvernement dans Le Journal du dimanche. D’abord, nous avions demandé un geste fort avant d’y aller : le gel des hausses des taxes sur les carburants. Nous ne l’obtiendrons pas. Ensuite, nous ne souhaitons pas être des marionnettes d’hommes politiques qui vont nous faire encore de la pédagogie. Et c’est ce qu’annoncent tous les éléments de langage des députés LRM entendus dans les médias depuis ce matin. » Lire ici

Faire de la pédagogie : c’est avec cette formule magique que tous les responsables de l’exécutif expliquent et excusent l’échec de leurs projets de réformes : « Nous n’avons fait assez de pédagogie, il faut en reprendre l’effort ». Comme si la résistance du peuple à leur décision ne pouvait venir que d’esprits embourbés dans l’erreur et les préjugés. Car pour faire de la pédagogie, il faut d’abord détenir la vérité, et ensuite la faire circuler. Or la vérité n’est pas toujours évidente particulièrement lorsqu’elle consiste à montrer le juste rapport entre une taxe qu’on impose et le bénéfice que les taxés en tireront – on aura apprécié ma modération, à  moins qu’on ne l’ait prise pour une ironie.

Mais les membres du collectif « Gilets jaunes libres » ne sont pas dupes : les « pédagogues » cherchent en réalité à faire de leurs pseudo-élèves des marionnettes bien dociles à leurs propos. S’agit-il de critiquer ici des sophistes qui endorment les citoyens en flattant leurs fantasmes ? Pas seulement : car celui qui fait de la pédagogie prétend en réalité posséder la vérité que seuls les préjugés et les passions empêchent de reconnaitre. Faire de la pédagogie en politique c’est présupposer que la politique soit une science, que son objet soit parfaitement défini, analysable et ses évolutions anticipables. Or il n’en va pas ainsi, et rien n’est écrit à l’avance. Que l’opinion publique ait résisté aux appels à la grève, au blocage du pays dans de très nombreuses circonstances, que les syndicats, les partis politiques, aient échoué à enclencher la convergence des luttes, et que là dessus le mouvement des gilet jaunes leur soit tombé sur le dos sans qu’ils l’aient vu venir (pas plus que le gouvernement) montre bien qu’en la matière rien ne soit écrit d’avance, ce que prétendent indument les pédagogues de l’exécutif.

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