A ceux qui réclament sa
démission, il a aussi rappelé que, si « le peuple est souverain », il «
s’exprime lors des élections », et non pas dans la rue. (Lu ici)
Ce n’est certes pas la première
fois que les élus se dressent contre la prétention des manifestants à imposer
leur volonté, y compris celle leur départ : « Ce n’est pas la rue qui
peut dicter aux représentants du peuple sa volonté. » Sauf que cette fois
les Gilets-jaunes ont pris soin de déclarer qu’ils ne représentaient personne
parce qu’ils étaient tout le monde : le peuple des ronds-points est le
peuple souverain français. Aucune loi ne peut lui résister parce qu’il est la
source de la légitimité ; aucun élu ne peut tenir devant lui, car il a
exclu la représentation pour être la
démocratie directe.
- Sur le principe, on ne peut critiquer : la souveraineté ne se partage pas, elle ne se délègue pas, elle désigne des exécutants qui ne sont rien face à cette force politique. Telle était l’analyse de Jean Bodin (Les 6 livres de la république, rédigé en 1570, édition française 1576 – pour mémoire, la Saint Barthélémy a eu lieu en 1572) (1)
Mais on doit admettre que
cette analyse, forte de sa logique, oublie de détailler les effets d’une
démocratie directe sur le gouvernement d’un pays. Sans aller jusqu’à imaginer
les guerres civiles qu’une telle prétention à être le peuple peut provoquer quand
on n’est qu’un groupe particulier, on doit aussi remarquer qu’elle va porter
atteinte à la nécessaire continuité dans l’organisation des affaires d’un pays.
On voit un peu partout (on pense à Donald Trump, mais il a fait « des
petits ») des populistes défaire les pactes que les gouvernants antérieurs
avaient conclu, et on constate les
méfaits que commencent à produire de telles incohérences.
Aujourd’hui, si le peuple est
souverain, il ne l’est que dans le moment où il glisse son bulletin de vote
dans l’urne : ensuite ce sont les élus qui prennent les commandes et rien
ne peut remettre en cause leurs décisions – rien, sauf les élections suivantes.
Le jacobinisme est exactement là, et on sait qu’il ne correspond plus à notre
époque, si hostile à l’autorité mal assurée dans le temps (= en 1968, la rue
criait au général de Gaulle: « 10
ans, ça suffit ! »)
Si la démocratie reste
représentative, on veut quand même avoir qui elle représente au jour le jour.
Nous vivons dans une démocratie sondagière, et si l’opinion publique n’avait
pas été favorable aux Gilets-jaunes leur mouvement n’aurait pas duré 15 jours.
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(1) On peut lire un abrégé du
texte ici
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