Pour Winnie Byanyima, directrice d’Oxfam International qui
publie son rapport annuel sur les inégalités, le néolibéralisme économique est
à la racine des titanesques disparités de ressources entre milliardaires et
milliards de pauvres. La solution : taxer davantage les ultrariches pour
financer les services publics. (Lire ici ce très substantiel article) (1)
Faire payer les riches… On retrouve dans les propos de la
Directrice de cette importante association – ainsi que dans les
appels à action mondialisées – comme un écho au populisme : le
ruissellement n’existe pas, il faut faire payer les riches, ou – mieux –
diriger les ressources du travail vers les travailleurs eux-mêmes et non vers
le capital.
Les économistes américains ont des formules intéressantes
pour expliquer l’économie aux nuls : « Si vous voulez une plus grosse
part de gâteau, ou bien vous augmentez la taille du gâteau ; ou bien vous
changez celui qui fait le partage. » --> Faut-il donc faire la
Révolution ?
On le sait, le pouvoir qui est issu des révolutions ne reste
pas gentiment dans les limites de sa mission, mais que très vite il déborde en
véritable dictature ; on l’imagine facilement à entendre les déchainements
des propos de certains Gilets-jaunes.
Oxfam dit plus simplement : ce qu’il faut, c’est taxer
les plus fortunés, au lieu de les sous-taxer. On sait que chez nous l’exécutif
s’emploie depuis 17 mois à les sous-taxer : instauration de la flat tax
(2), refonte de l’ISF, projet de suppression de l’exit tax.
Alors, quelle différence avec le populisme dont on dit
pourtant qu’il s’agit de sornettes bonnes pour endormir les petits
enfants ? C’est que celui-ci se déclare puissant dans les limites des frontières dont par ailleurs il
veut renforcer l’étanchéité. Or les capitaux sont faits d’une matière très
volatile capable de se vaporiser dans l’atmosphère au moindre signe
d’oppression et de se condenser instantanément dans des zones particulières
appelées paradis fiscaux. Point de frontières pour empêcher de partir des
capitaux qu’on veut taxer – en fait ils sont déjà partis ailleurs. Seule une
plus grande zone de contrôle, plus vaste et plus puissante comme l’est l’Europe
pourrait avoir la taille critique pour obtenir des résultats dans cette effort
de justice sociale.
Il y a de cela 5 ans, Thomas Pikkety avait lancé son Manifeste
pour une union politique de l'euro ; mais il n’a guère été entendu. Si
j’étais Gilet-Jaune, je retournerais vite relire son manifeste – ici.
------------------------------------
(1) En voici quelques extraits.
« Primo : les inégalités sont hors de contrôle. Les
fortunes de milliardaires ont augmenté de 2,5 milliards de dollars par jour en
2018 alors que des dizaines de milliers de personnes meurent chaque jour faute
d’accès aux soins. Deuzio : les gouvernements sous-taxent les plus fortunés
quand, dans le même temps, les services publics cruciaux, comme la santé ou
l’éducation, s’effondrent faute de financement, affectant en premier lieu les
femmes et les filles. Tertio : les gouvernements doivent faire en sorte que les
plus nantis participent plus activement à la justice fiscale afin de mieux
s’attaquer à la réduction de la pauvreté ». Winnie Byanyima
(2) Avec la flat tax, le même taux s'applique à tous les produits
du capital. Seul le niveau de revenus fait varier le montant de l'impôt à
payer. L'impôt n'est donc pas progressif, mais proportionnel. En 2018, le
gouvernement a instauré de flat tax avec
la mise en œuvre d'un nouveau prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30% sur tous les revenus de l'épargne : dividendes,
assurance-vie, intérêts, plus-values, revenus fonciers.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire