lundi 21 janvier 2019

WINNIE BYANYIMA, DIRECTRICE D’OXFAM : «LES INÉGALITÉS ENTRE RICHES ET PAUVRES SONT UN CHOIX POLITIQUE»

Pour Winnie Byanyima, directrice d’Oxfam International qui publie son rapport annuel sur les inégalités, le néolibéralisme économique est à la racine des titanesques disparités de ressources entre milliardaires et milliards de pauvres. La solution : taxer davantage les ultrariches pour financer les services publics. (Lire ici ce très substantiel article) (1)

Faire payer les riches… On retrouve dans les propos de la Directrice de cette importante association – ainsi que dans les appels à action mondialisées – comme un écho au populisme : le ruissellement n’existe pas, il faut faire payer les riches, ou – mieux – diriger les ressources du travail vers les travailleurs eux-mêmes et non vers le capital.
Les économistes américains ont des formules intéressantes pour expliquer l’économie aux nuls : « Si vous voulez une plus grosse part de gâteau, ou bien vous augmentez la taille du gâteau ; ou bien vous changez celui qui fait le partage. » --> Faut-il donc faire la Révolution ?
On le sait, le pouvoir qui est issu des révolutions ne reste pas gentiment dans les limites de sa mission, mais que très vite il déborde en véritable dictature ; on l’imagine facilement à entendre les déchainements des propos de certains Gilets-jaunes.
Oxfam dit plus simplement : ce qu’il faut, c’est taxer les plus fortunés, au lieu de les sous-taxer. On sait que chez nous l’exécutif s’emploie depuis 17 mois à les sous-taxer : instauration de la flat tax (2), refonte de l’ISF, projet de suppression de l’exit tax.
Alors, quelle différence avec le populisme dont on dit pourtant qu’il s’agit de sornettes bonnes pour endormir les petits enfants ? C’est que celui-ci se déclare puissant dans les  limites des frontières dont par ailleurs il veut renforcer l’étanchéité. Or les capitaux sont faits d’une matière très volatile capable de se vaporiser dans l’atmosphère au moindre signe d’oppression et de se condenser instantanément dans des zones particulières appelées paradis fiscaux. Point de frontières pour empêcher de partir des capitaux qu’on veut taxer – en fait ils sont déjà partis ailleurs. Seule une plus grande zone de contrôle, plus vaste et plus puissante comme l’est l’Europe pourrait avoir la taille critique pour obtenir des résultats dans cette effort de justice sociale.
Il y a de cela 5 ans, Thomas Pikkety avait lancé son Manifeste pour une union politique de l'euro ; mais il n’a guère été entendu. Si j’étais Gilet-Jaune, je retournerais vite relire son manifeste – ici.
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(1) En voici quelques extraits.
« Primo : les inégalités sont hors de contrôle. Les fortunes de milliardaires ont augmenté de 2,5 milliards de dollars par jour en 2018 alors que des dizaines de milliers de personnes meurent chaque jour faute d’accès aux soins. Deuzio : les gouvernements sous-taxent les plus fortunés quand, dans le même temps, les services publics cruciaux, comme la santé ou l’éducation, s’effondrent faute de financement, affectant en premier lieu les femmes et les filles. Tertio : les gouvernements doivent faire en sorte que les plus nantis participent plus activement à la justice fiscale afin de mieux s’attaquer à la réduction de la pauvreté ». Winnie Byanyima

(2) Avec la flat tax, le même taux s'applique à tous les produits du capital. Seul le niveau de revenus fait varier le montant de l'impôt à payer. L'impôt n'est donc pas progressif, mais proportionnel. En 2018, le gouvernement a instauré  de flat tax avec la mise en œuvre d'un nouveau prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30% sur tous les revenus de l'épargne : dividendes, assurance-vie, intérêts, plus-values, revenus fonciers.

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