Ces enseignants, qui ont corrigé leurs copies, souhaitent entrer les notes le jeudi 4 juillet au lieu du mardi 2, rapporte RMC, alors que les résultats sont attendus pour le vendredi 5. L'annonce des résultats du baccalauréat 2019 pourrait alors être retardée, ce qui impacterait directement les lycéens. Contrairement aux grèves de surveillance du bac où le ministère avait réussi à mettre en place un système de remplacement, la retenue des notes est sans commune mesure. Ce sont les correcteurs qui détiennent les copies et choisissent de ne pas rendre leurs notes pour faire pression sur le gouvernement. (Lu ici)
Les enseignants qui vont retarder la mise en place des résultats du bac ont-ils le droit pour eux ? Sinon ont-ils reçu des usagers (= élèves et parents) une caution morale pour leur mouvement ?
Pour le premier point, rappelons que la question a été réglée il y a fort longtemps par cette décision du Conseil Constitutionnel : « la reconnaissance du droit de grève ne saurait avoir pour effet de faire obstacle au pouvoir du législateur d'apporter à ce droit les limitations nécessaires en vue d'assurer la continuité du service public qui, tout comme le droit de grève, a le caractère d'un principe de valeur constitutionnelle ; que ces limitations peuvent aller jusqu'à l'interdiction du droit de grève aux agents dont la présence est indispensable pour assurer le fonctionnement des éléments du service dont l'interruption porterait atteinte aux besoins essentiels du pays » (Conseil constitutionnel du 25 juillet 1979)
--> Donc égalité entre le droit de grève et la mission de service public. Remarquons que la démarche des grévistes de l’Education Nationale n’a pas de façon incontestable le droit pour elle. Mais a-t-elle le soutien de l’opinion publique ? Celle-ci a bien encouragé les Gilets jaunes alors même qu’ils bloquaient la circulation pendant la semaine (et cassaient tout le samedi) – alors pourquoi pas le blocage du bac ?
C’est que ce qui compte pour l’opinion publique, ce n’est pas seulement l’intensité de l’émotion qui en est l’origine, mais aussi sa nature – je dirais même : sa qualité. Les enseignants ont pour eux l’apitoiement provoqué par leur pauvreté : certes ils ne sont pas à la rue, mais quand même, on croit savoir qu’un prof débutant touche un salaire net de 1700 euros et qu’avec ça il n’a pas le droit au ciné hebdomadaire – pas plus qu’au resto mensuel (1). Mais les élèves sont nos enfants (même si on n’en a pas ou qu’on n’en a plus) et si de surcroit ils passent le bac, épreuve dont la plupart des parents conserve un souvenir traumatisant, alors on est dans l’absolu. Aucune tendresse ne saurait être plus puissante, et tout ce qui peut ajouter au stress de ces enfants ne peut qu’être condamné et considéré comme un lâche attentat. Les grévistes ont-ils donc une conscience morale ? Ne seraient-ils pas radicalisés ? La qualification de terrorisme vient alors sur les lèvres.
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(1) Source : superprof magazine
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