mercredi 20 mai 2020

Et Descartes, qu'est-ce qu'il en dit Descartes ? – Chronique du 21 mai 2020

Bonjour-bonjour,

« Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée » écrit Descartes au début du Discours de la méthode (lire ici). Or, voilà que les polémiques venues en particulier des rangs du populisme, soulignent qu’avec un peu de bon sens justement on aurait facilement évité le pire dans l’épidémie de coronavirus. Évité de nier le rôle du port du masque ; évité de détruire les stocks existants ; évité de manquer de tests de dépistages ; évité de dépendre des pays asiatiques pour des médicaments essentiels ; évité aussi d’organiser le 1er tour des municipales au 15 mars. Bref, d’accord non seulement entre eux mais encore avec René Descartes, madame Le Pen et monsieur Mélenchon reprochent à monsieur Macron de ne pas savoir se servir de son entendement – le quel si nous écoutons Descartes permet de distinguer l’homme de l’animal.
A quoi l’exécutif répond que justement c’est le bon sens qui manque aux populistes, si friands de fake-news et de complots (cf. Chronique d’hier). Comment s’y retrouver ?
Et Descartes, qu'est-ce qu'il en dit, Descartes?
- Contrairement à ce que les politiques ne cessent de dire, la vérité n’est pas forcément du côté de l’opinion commune partagée par tout le monde, qui constitue la définition courante du bon sens. Suivant le principe bien connu que la majorité des avis ne prouve rien, Descartes écrit son Discours de la méthode pour donner les règles qui permettront à chacun d’user de sa raison pour vérifier l’opinion commune. Le précepte est alors : « Ne recevoir jamais aucune chose pour vraie, que je ne la connusse évidemment être telle ». On voit qu’il n’y a là rien d’intuitif.
- Pourtant Descartes le dit explicitement : le bon sens c’est la faculté à distinguer le vrai du faux, et le bien du mal sur le plan moral. Moyennant quoi on aura quand même besoin de l’intuition pour détecter la présence de l’évidence. Mais c’est que l’évidence ne peut être perçue de façon probante que lorsqu’on a échoué à la mettre en doute. Si l’on me dit « 2+2=4 » je dois vérifier la chose avant de me déclarer satisfait de cette évidence. (1)
- Voilà ce que les partisans de l’opinion ne peuvent admettre. Ils en viennent même à juger de la valeur d’un médicament (la chloroquine pour ne pas la nommer) non pas d’après des tests médicaux mais d’après l’opinion qu’ils en ont. Et cela, ce n’est pas l’avis de Donald Trump, mais bien celui du Professeur Raoult, qui dit explicitement que les essais contrôlés des médicaments sont seulement faits pour permettre aux laboratoires pharmaceutiques de placer leurs produits afin de réaliser de gros bénéfices. 
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(1) On peut y parvenir sans peine en admettant que tout nombre est formé par l’ajout de l’unité au nombre qui le précède. Ainsi 4=3+1 ; 3=2+1 ; 2=1+1. Je conclus alors que 2+2=4 se décompose ainsi : (1+1)+(1+1) = 1+1+1+1 CQFD. 
On sera dispensé de ces démonstrations avec les idées innées qui sont des vérités que Dieu a mises en moi. Mais on doutera que l'idée de l'utilité des masques chirurgicaux ait été fournie par Dieu lui-même

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