lundi 18 mai 2020

Tout ce qui n'est pas interdit n'est pas pour autant autorisé - Chronique du 19 mai 2020

Bonjour-bonjour

Comme vous le savez, je tempête facilement contre la sur-information qui nous bombarde de nouvelles multi-diffusées et de commentaires parfois débiles. Or,  une de ces annonce est passée presque inaperçue jusqu’à présent, c’est celle-ci : le Conseil d'État ordonne la levée de l'interdiction de réunion dans les lieux de cultes.


Eglise vide - Photo Guillaume Souvant/ AFP

Comme tout ce qui n’est pas interdit est autorisé, je pensais que toutes les églises vides (cf. photo, mais aussi les mosquées, les synagogues, les temples etc.) allaient se remplir.
Que nenni ! Le Conseil d’État recommande en réalité de prendre des mesures d’encadrement moins strictes (c’est-à-dire > 0) « à l’image de la tolérance des rassemblements de moins de 10 personnes dans d’autres lieux ouverts au public ». On l’a compris on est à la frontière du sophisme, car s’il est « interdit d’interdire », il est possible néanmoins de n’autoriser que des rassemblements de 10 ou 15 personnes, ce qui pour une messe de Pentecôte ou pour la Grande prière du vendredi risque fort d’être équivalent à zéro.
Maintenant, et au-delà du contenu effectif de cette décision, il faut encore s’interroger sur le principe qui l’a guidé. Refuser une mesure sanitaire  sous prétexte qu’elle contredit au droit, c’est faire fi de l’état d’urgence sanitaire qui autorise le premier ministre à prendre par décret des mesures limitant – entre autres – la liberté de réunion, ce qui touche bien sûr les cérémonies cultuelles.
Toute la question au niveau des principes est donc de savoir si la liberté de culte est entravée par l’impossibilité de cérémonies regroupant des fidèles, autrement dit si la célébration est affaire de conscience individuelle, le croyant était en relation seulement verticale avec Dieu et non horizontale avec les autres fidèles et le célébrant. (1)
Je ne sais. Par contre je sais que le virus se régale de ces célébrations comme l’a prouvé la cérémonie Évangéliste de Mulhouse, qui a servi de point de départ à l’épidémie en Alsace et plus largement de son disséminement dans la France entière. 
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(1) Les amateurs devinent que la même discussion peut avoir lieu pour les matchs de foot, à propos entre autre de la Bundesliga qui reprend à huis-clos cette semaine.

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