jeudi 28 mai 2020

Nous et les autres – Chronique du 29 mai

Bonjour-bonjour
Parmi les malentendus développés au cours de ces derniers mois, il en est un qui persiste malgré des éclaircissements réitérés : je veux parler du port du masque. Lorsqu’on nous conseille de le porter, pourquoi devrions-nous le faire ? Pour nous protéger, ou pour protéger les autres ? Dans le premier cas, il s’agit de vivre dans une bulle, d’emporter notre confinement avec nous partout où nous allons ; le masque est un rempart qui nous protège des dangers que représentent les autres. En revanche, s’il s’agit plutôt de protéger autrui de nos propres miasmes, alors c’est par civisme que nous devons le porter – et tout ce que nous pouvons souhaiter, c’est que les autres fassent preuve du même souci en s’équipant à leur tour de masques afin de nous abriter de leurs postillons et autres aérosols pestilentiels.

Cette double possibilité pourrait se conjuguer : qu’est-ce qui empêche qu’un masque arrête ce qui vient de l’extérieur et ce qui vient de l’intérieur ? A priori rien, sauf qu’on sait que les masques chirurgicaux et plus encore les masques alternatifs sont bien incapables de stopper les virus qui se trouvent dans les micro-gouttelettes qui flottent dans l’air ambiant. Mais bon : cela ne suffit pas modifier notre attente – le masque est vu comme ce qui protège des impuretés, raison pour la quelle son absence durant la première partie de l’épidémie a été vécue comme une carence impardonnable du pouvoir. 
Que le masque soit donc une protection contre les impuretés de la rue, cela signifie que l’épidémie a transformé les êtres humains que j’y croise en menace potentiellement mortelle. C’est soi-même qu’il faut protéger, pas le monde, et pas les autres comme le prouvent les masques et les gants jetés au sol après usage. 



Cette image est révélatrice : au supermarché, on se protège de la pollution ambiante : gants et masques enfilés dès l’arrivée, car l’impureté doit rester à l’extérieur (1). Dès que l’on ressort, on se débarrasse de ces accessoires devenus dangereux car contaminés ils ne doivent pas être manipulés et encore moins mis dans la poche. On les jette donc par terre en rapportant son caddy : car si l’on veut éviter d’être souillé, que nous importe de souiller à notre tour les autres ? De toute façon ils le sont déjà.
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(1) Le gel hydroalcoolique dont on nous impose l’usage à l’entrée suppose malgré tout qu’on risquerait de contaminer les carottes et les chou-fleurs. Mais baste ! On ne pense pas si loin…

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