vendredi 15 mai 2020

Vous mentez, Monsieur macron ! – Chronique du 16 mai

Bonjour-bonjour

« Vous mentez, Monsieur macron ! » Combien de fois avez-vous entendu cette exclamation depuis… allez, disons depuis 2 mois, à la suite de déclarations présidentielles ou ministérielles, concernant le port des masques ou la capacité à effectuer des tests virologiques sur le covid19.
Le mensonge d’État est devenu une accusation récurrente dans les attaques de l’opposition politique au pouvoir en place. A quoi les hommes concernés répondent qu’il ne s’agissait pas de mensonge mais tout au plus d’erreurs – et encore étaient-elles faites de bonne foi, à la suite de positions prises par les « sociétés savantes » et donc susceptibles de rectification, ce que le Pouvoir n’a pas manqué de faire. Comme aux échecs, chacune de ces interventions est envisageable comme un coup dans une combinaison, et donc joué suivant un plan prévu. Ici, le coup suivant étant « Mais si c’est une erreur alors c’est que vous êtes radicalement incompétent : démissionnez ! » Du mensonge à l’incapacité, l’accusation est toute aussi terrible.

Mis à part que ces échanges sont tellement convenus qu’on pourrait les décrire à l’avance, ils restent des faits politiques dont la consistance peut être interrogée dans le cadre de cette chronique.
1 – Le mensonge, s’il est avéré, est une faute grave pour le pouvoir politique surtout s’il se veut démocratique, car comme le disait Kant, tout homme a droit à la vérité, lui mentir est donc un déni opposé à son humanité. On le considère en effet comme une chose malléable qu’on peut manipuler comme bon nous semble :  c’est ainsi que les candidats à des élections trafiquent la vérité pour obtenir de cette chose mole que sont les électeurs le vote qui leur convient. 
Ajoutons que, plus généralement, les échanges dans une société se passent sur la base de la confiance réciproque, et que si le mensonge ou la mauvaise foi étaient la règle, tout serait bloqué car soumis à des procédures d’assurances et de vérification illimitées. Finalement, il faudra bien croire que ce qu’on nous dit est vrai.
Comment y consentir ? En considérant simplement que le mensonge est une manœuvre qui présente des risques, et qu'il n’aura lieu que si l’intérêt du menteur est à ce prix. Un ministre qui nous mentirait à propos de chiffres facilement contrôlables et pour un bénéfice minime serait pour le coup un incompétent.
2 – L’incompétence, justement. Quand on observe la complexité des situations qui engagent les décisions de l’exécutif, alors on comprend que le soutien de conseillers soit indispensable. Dans le cas du covid19 il s’agit d’un aréopage de médecins ou de chercheurs en infectiologie, épidémiologie, etc., tous scientifiques de haut vol. Il est clair que l’erreur fait partie de la vie de ces scientifiques et que la méthode dans les sciences requiert ce risque, à travers la nécessité d’utiliser des hypothèses. (1) Du coup, l’erreur ne peut être mise en cause, sauf à oublier que tout ce que la science peut nous apporter comporte ce coefficient de fausseté – dans le cas d’hypothèses dont la vérification serait indéfiniment repoussée. La seule erreur qu’on pourrait reprocher à un savant serait d’avoir justement d’oublier de dire qu’il parle d’hypothèses – ce que fait régulièrement le professeur Raoult, et l’incompétence des politiques qui lui emboitent le pas est alors d’ignorer cette caractéristique parfaitement évidente pourtant.
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(1) Une hypothèse est en effet une proposition admise, indépendamment de sa valeur de vérité, dans le but d’en déduire un ensemble de propositions. C'est donc sa fonction qui constitue une proposition comme hypothèse, pas sa vérité.

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